Kant et les processus théoriques, moraux et juridiques d'autonomisation de la raison

Nous célébrons cette année le trois-centième anniversaire de la naissance du plus célèbre des philosophes allemands des Lumières : Immanuel Kant. Il est surtout connu pour avoir instauré le tribunal de la raison grâce auquel celle-ci, dans l’ensemble des domaines de l’expérience humaine, doit se revendiquer comme sa propre instance critique, sa propre instance de légifération. Ce n’est qu’à ce prix que la pensée recouvre son autonomie et peut revendiquer sa liberté. Outre le champ théorique de la science ainsi que celui de l’éthique, Kant fut particulièrement enthousiasmé par la Révolution française, au point que, par l’avènement de la souveraineté du peuple et la constitution républicaine, nous assistons à un progrès de l’humanité qui devrait s’étendre à tous les Etats. C’est ainsi que Kant développe une philosophie cosmopolitique originale conférant par exemple à tous le statut juridique de citoyen du monde, interdisant l’esclavage, dénonçant le colonialisme, etc. La question de la légalité, ce n’est donc pas pour Kant un aspect parmi d’autres de notre existence, mais c’est ce qui, au plus profond de nous, permet de lutter contre l’arbitrarité du pouvoir (idéologique, politique, religieux, etc.) en nous assurant de vivre selon les principes auxquels, comme citoyens libres, nous avons publiquement donné notre accord. En conclusion, notre but sera de comprendre en quel sens Kant développe une conception républicaine de la pensée et de la liberté.