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Abstract :
[fr] Le texte géographique intitulé Expostio totius mundi ac gentium, qui décrit la géographie et le commerce des régions à l’intérieur et à l’extérieur de l’Empire romain, est généralement considéré comme une traduction d’un orignal grec qui aurait été réalisée sous Constance II. L’auteur serait un hellénophone originaire des régions orientales de l’Empire romain (peut-être un Syrien) et serait doté d’une culture limitée, peut-être un commerçant qui aurait écrit vers 359. L’œuvre est dédiée au fils de l’auteur, ce qui constitue un indice de son caractère didactique. Dans une première partie (jusqu’au paragraphe 21), on trouve une liste des populations de l’extrême Orient, une description des pays de l’Orient situés au-delà des limites du monde. La deuxième partie (à partir du paragraphe 22) comporte une description des ressources de l’Empire romain. La langue de ce petit traité constitue un problème difficile d’autant plus qu’aucun manuscrit de l’ouvrage n’a été conservé (notre connaissance du texte repose sur la version publiée par Godefroy en 1628 lequel avait à sa disposition un manuscrit copié par François Juret). Le texte comporte un grand nombre d’hellénismes.
Je voudrais réévaluer les hellénismes (ou prétendus tels) concernant la syntaxe et le système verbal (emplois de ut avec l’infinitif et de propter quod ou propter/propterea avec l’infinitif ainsi que l’emploi des participes). On peut relever des indices montrant que l’auteur a acquis le latin comme L² à travers les outils d’apprentissage disponibles à son époque. Il n’est pas impossible que le texte ait circulé dans les deux langues dans un contexte didactique. L’enseignement de la géographie avait de l’importance pour les fonctionnaires à la fin de l’Antiquité. Théodose II, qui attachait de l’importance à l’étude de cette matière, avait probablement fait placer à l’université de Constantinople qu’il fondait en 425 une carte de l’Empire, inspirée de la monumentale carte d’Agrippa, en vue d’initier les étudiants et les citoyens à la continuité et à la grandeur de l’Empire. Cette carte, connue par les 12 vers qui suivent la Divisio orbis terrae, transmise par le Liber de mensura orbis terrae de Dicuil (éd. J. J. Tierney, Dublin 1967, p. 56-58), était une carte “latine” et “romaine”, ce qui n’est pas surprenant, puisque, dans la nouvelle capitale, le latin maintenait sa supériorité dans la jurisprudence et la haute administration civile et militaire, les deux domaines pour lesquels étaient formés les étudiants de l’institution universitaire récemment créée.