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Abstract :
[fr] Le passage à l’acte chez les auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS) repose sur différents mécanismes sociocognitifs. Au côté des distorsions cognitives, se retrouvent des mécanismes qui permettent de diminuer la dissonance morale entre l’acte et la norme intériorisée ou de justifier l’acte vis-à-vis du regard social et judiciaire. L’objectif de cette recherche était d’étudier la façon dont sont mobilisés ces processus cognitifs de désengagement moral dans le discours d’auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS) sur mineurs selon leur reconnaissance totale, partielle ou leur non-reconnaissance des faits. L’échantillonnage a été constitué par la méthode Gatekeeper. Sur base de cette participation volontaire, 18 AICS incarcérés sur mineurs ont été rencontrés au sein du même établissement pénitentiaire dans le cadre d’entretiens individuels semi-structurés. Trois chercheurs ont individuellement analysés chacun des corpus de réponse et identifié les techniques de justification morale correspondantes. Une analyse statistique a ensuite été réalisée afin de comparer les trois groupes d’AICS. Les principaux enseignements sont que les sujets en reconnaissance totale des faits ont mobilisés 176 mécanismes de justification morale. Le « déplacement de la responsabilité » est le mécanisme le plus présent sous la forme d’une « diffusion de la responsabilité » et d’une « attribution de la responsabilité » à la victime. Les sujets en reconnaissance partielle ont utilisé 92 techniques de justification morale. Les justifications sont assez semblables à celles du premier groupe tout en n’utilisant pas certain processus présents dans le premier groupe. Les auteurs qui ne reconnaissent pas les faits mobilisent de façon plus importante la « justification morale » en déplaçant le centre d’attention de leurs propres actes déviants vers le comportement, les motivations de ceux qui désapprouvent, répriment ces transgressions et appliquent les lois (police, enseignants, justice).