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Abstract :
[fr] L'accélération du temps, un phénomène contemporain majeur, exerce des pressions considérables sur les impératifs de productivité économique, selon les analyses de Vignes (2021). Cette accélération, caractéristique de la société post-moderne, influence tous les aspects de nos écosystèmes sociaux, façonnant un cadre où le modèle économique "technocapitaliste" règne en imposant une intensification temporelle (Vignes, 2021, p.12). Cette transformation profonde de nos sociétés a des répercussions multiples, affectant les organisations dans leurs actions sociales, les relations d’emploi, la qualité du travail etc.
La crise actuelle de l'action syndicale, marquée par un affaiblissement variable selon les pays, incite les membres des syndicats à repenser, intensifier et perfectionner leurs stratégies de négociation (Andolfatto et Contrepois, 2016 ; Bevort et Jobert, 2008, p.14). Les crises économiques des années 1970 et la transition des "Trente glorieuses" ont inauguré une ère où le "modèle de croissance" dans le secteur de la grande distribution nécessite une réinvention constante (Moati, 2001). Cette évolution se traduit notamment par une divergence entre les attentes des clients et les pratiques des distributeurs, avec une individualisation croissante des comportements d'achat. (Moati, 2001).
Ces défis se sont encore accrus après les années 2000 avec l'émergence du commerce en ligne et les crises économiques qui ont suivi. La pandémie de COVID-19 a amplifié ces bouleversements, perturbant fortement les chaînes d'approvisionnement et les comportements d'achat, ce qui a eu un impact significatif sur l'ensemble du processus de vente (Hocquelet et al., 2016). Dans cette perspective, les travailleurs désirent des emplois productifs, stables, inclusifs, offrant sécurité et autonomie, et favorisant « la démocratie économique et la durabilité » (Ferreras et al, 2020, p.120). Cependant, l'ère néolibérale, marquée par la fragmentation des chaînes d'approvisionnement, la financiarisation, les nouvelles technologies et la pandémie de COVID-19, engendre une détérioration du travail et de la société.
Dans ce contexte de perturbations, des organisations et institutions mènent des expérimentations dans leur quête de réponse à ces incertitudes. Ces dernières offrent « un espace de résilience » et débat afin de faire émerger de nouvelles solutions et expérimentations (Fererras et al, 2020, p.120). C’est sous cette angle que nous allons aborder la problématique suivante :
Comment les partenaires sociaux (syndicats, patronats et Etat) font émerger de nouveaux projets d’expérimentation dans leur secteur d’activité dans l’objectif de répondre aux enjeux actuels ? Ces expérimentations et réflexions visent-elles à un « meilleur emploi »?
Pour répondre à cette problématique, nous nous référons à une méthodologie qualitative et comparée sur le terrain du dialogue social québécois et belge. Un panel d’entretiens exploratoire et semi-directifs a été mené (environ une cinquantaine) pour pouvoir dégager des premières réponses. Nous allons nous intéresser au processus de construction de ces projets et ensuite aux dynamiques sociales qui en découlent.