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Abstract :
[fr] Les sables d’Égypte ont livré des milliers de papyrus grecs littéraires, sous la forme de copies, réalisées par des particuliers (copies privées) ou par des scribes professionnels (copies libraires). À côté de ces produits finis, un petit nombre de papyrus, datés principalement des époques romaine et byzantine portent des brouillons de poèmes en cours de composition par la main même de leur auteur (autographes). Les ratures, variantes et corrections qui parsèment les textes, l’interligne et les marges des papyrus attestent des pensées parfois trébuchantes des poètes en plein travail. Ainsi, les autographes portent des versions inachevées de poèmes qui n’étaient pas destinées à être conservées en l’état mais qui, au contraire, ne représentent qu’une étape temporaire dans le processus de composition littéraire, vers une version définitive de l’œuvre. Brouillons abandonnés ou dans l’ombre d’une version plus aboutie, les papyrus autographes, voués à l’oubli, pourraient en cela incarner une absence de mémoire. Or, en bien des cas, ces mêmes pièces témoignent de hauts-lieux de la transmission : l’influence des enseignements scolaires et pédagogiques sur la production poétique de l’Égypte gréco-romaine. Leur nature provisoire ne les prive alors pas d’être des vecteurs d’usages et de connaissances, tant au cœur de la société antique que de nos jours, alors que ces ébauches poétiques transmettent un savoir pratique sur les méthodes de travail du poète antique, que les simples copies ne laissent pas entrevoir. À travers une analyse matérielle et contextuelle de ce corpus, cette communication tentera d’investiguer la relation paradoxale qu’entretiennent les autographes avec les notions de mémoire et de transmission.