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Abstract :
[fr] Au cœur « des problèmes de Bacon » , puisqu’il s’agit bien des siens, se situe la possibilité d’échapper au figuratif sans céder à l’abstraction . Si, selon ses conceptions, la peinture ne doit ni raconter ni illustrer, il n’est pas écrit qu’elle doive renoncer à la Figure pour autant : la voie de Bacon est celle du « Figural » . Elle se saisit de la Figure pour « capter des forces » – forces qu’il s’agit de peindre pour faire que la sensation soit . À cette visée baconnienne correspondent des stratégies que Deleuze traduit en sa langue. Parmi ces stratégies, la plus emblématique est peut-être celle du « diagramme » , sorte de catastrophe ou de chaos que le peintre fait intervenir au sein des données figuratives pour désamorcer leur tendance à représenter. Le diagramme se manifeste concrètement de manières diverses – dans des zones frottées, des traits, des lignes, ou des taches – mais qui sont le fruit à chaque fois d’un geste manuel, nerveux et asignifiant. Ce geste de la main, issue fabriquée par Bacon, est décrit par Deleuze dans les termes d’une esthétique gothique, telle qu’elle a été théorisée en 1927 par Worringer dans son Art Gothique . Déceler les principes de la ligne gothique à l’œuvre dans le diagramme baconien, afin de mieux comprendre le programme de problèmes et de solutions que fixe Bacon à l’agenda de la peinture, suppose de lire Deleuze texte de Worringer à l’appui . Or lire Deleuze à la lumière de Worringer suppose à son tour d’envisager certains ajustements : voir ce que la ligne gothique peut ou ne peut pas rendre comme service de clarification à la démarche de Bacon, mais surtout voir ce qu’un autre paradigme offre comme question ou comme défi à la pensée de l’un ; somme toute, faire l’épreuve de leurs propositions conceptuelles ou plastiques depuis un point de vue qui n’est pas le leur.