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Abstract :
[fr] Au cours des années 1960, dans la foulée des travaux entrepris en vue de l’exposition universelle de 1958, la Ville de Bruxelles poursuit activement une politique de modernisation. Axée sur le logement et la circulation, cette politique se base sur les travaux d’urbanistes acquis au fonctionnalisme. Considérés comme insalubres, de nombreux quartiers anciens qui avaient échappé aux mutations de la ville au XIXe siècle disparaissent au profit d’immeubles-tours ou de voiries et échangeurs urbains.
Jusqu’au milieu des années 1960, ces démolitions ne suscitent que peu d’émoi ; seul un périmètre englobant la Grand-Place et ses abords, qualifié d’« îlot sacré », voit ses façades restaurées ou reconstruites, à la manière d’un décor urbain. La création de l’association Quartier des Arts, en 1967, centrée sur la protection et la valorisation d’une portion de la ville haute, autour de la Place Royale, marque un tournant. Conseillée par Raymond Lemaire, alors secrétaire général de l’ICOMOS tout récemment fondé et expert pour le Conseil de l’Europe, l’association promeut une véritable réhabilitation des quartiers anciens, ne se limitant plus aux façades.
Pourquoi l’action de Quartier des Arts, qui apparait deux ans avant l’ARAU (Atelier de recherche et d’action urbaines), a-t-elle été boudée par l’historiographie ? Le statut ambigu de l’association, pilotée par des représentants de l’élite entrepreneuriale, bien introduits dans les cercles politiques alors au pouvoir, et composée de représentants des gouvernements, institutions et administrations y est sans doute pour beaucoup. Loin des combats engagés et médiatiques menés par l’ARAU au nom du droit des habitants, Quartier des Arts, par sa nature-même, ne pouvait que travailler « de l’intérieur ». L’examen des processus à l’œuvre dans une série de projets bruxellois, au tournant des années 1970, indique pourtant que l’association mérite de figurer au nombre des acteurs-clés de la transformation des politiques urbaines à cette époque de basculement vers un nouveau paradigme dans le traitement des quartiers anciens.