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Abstract :
[fr] « C’était de cette même matière irréelle et magique qu’étaient tissés la nuit nos rêves : un rien où se trouvaient encloses toutes les images du monde, une onde dans le cristal de laquelle toutes les formes des hommes, des bêtes, des anges et des démons demeuraient sous l’aspect des possibles qui jamais ne sommeillaient ». Ainsi Hermann Hesse considère, en 1930, la nuit comme un espace-temps du rêve, capable d’accueillir la combinaison fragile de l’être et du non-être sous le régime d’une puissance en veille. Engagé sur un chemin initiatique marqué par l’alternance des jours et des nuits, son protagoniste Goldmund trouve avec l’obscurité la liminalité où le rêve acquiert une dimension existentielle et heuristique, et y perçoit un monde pulsant de formes non encore données à la matière. Autour de lui, la nuit tombante fait œuvre de création.
C’est cette capacité de création propre à la nuit que le présent volume entend comme une poétique. Observant des phénomènes sociétaux, esthétiques, intellectuels, politiques, médicaux, littéraires ou spirituels liés aux spécificités du nocturne, il examine les manières multiples selon lesquelles la nuit se donne à percevoir non pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle crée. En ce sens, il considère que la nuit se saisit à partir de ses manifestations ; que l’ontologie de la nuit est toujours une phénoménologie. Réalité astronomique et culturelle, la nuit et son lien au jour joue un rôle fondamental dans nos structures de pensée et façonne, au sens grec d’une poiesis active et transformatrice, notre imaginaire et notre rapport au monde.