No full text
Unpublished conference/Abstract (Scientific congresses and symposiums)
Imaginaires cycliques et croisés. À quoi s’oppose le vitalisme ?
Lttr13; Badir, Sémir; Polis, Stéphane et al.
2023Vitalismes linguistiques. La métaphore biologique dans les discours sur les langues
Editorial reviewed
 

Files


Full Text
No document available.

Send to



Details



Keywords :
vitalisme; linguistique; imaginaire; représentation
Abstract :
[fr] Le vitalisme en linguistique, quelle qu’en soit la version, faible ou forte, c’est-à-dire simple projection métaphorique ou assomption ontologique, est un postulat de partage d’imaginaire. Car la notion de vie fait partie de ces idées régulatrices qui organisent et unifient nos connaissances sans qu’on puisse en avancer une définition satisfaisante. Ce n’est pas que nous « croyions » en la vie, ou qu’elle désignerait seulement une réalité virtuelle : le savoir est susceptible d’être fondé sur la puissance d’intelligibilité qu’elle apporte aux actions humaines, y compris aux phénomènes langagiers, et par-delà le monde humain aux comportements animaux et aux croissances végétales. Le principe conceptuel de la vie a nécessairement une portée collective, voire, pour les communautés de savants, une portée sociale. La biolinguistique fédère des travaux contemporains en linguistique en fonction de ce principe vitaliste en dépit des divergences assez nettes qu’on constate entre les méthodes et les objectifs de recherche des uns et des autres — la méthode variationniste d’un Mufwene tranche par exemple avec le projet universaliste d’un Chomsky. Quoique les « perspectives biolinguistiques » (Larson, Deprez & Yamalido 2010) soient appelées à dessiner un domaine de spécialisation en linguistique, les chercheuses et chercheurs qui y font reconnaître leurs travaux partagent moins une façon de concevoir la linguistique qu’un espace de représentation constitutif tout à la fois de la lisibilité et de l’intelligibilité des phénomènes linguistiques à observer. La linguistique n’est évidemment pas seule à y trouver un prétexte d’association. Le postulat vitaliste est largement répandu dans le champ des sciences humaines et sociales. Citons à cet égard la psychologie de Cournot (Segond 1911), la sociologie de Georg Simmel (Vandenberghe 2009), la philosophie vitaliste de Henri Bergson ou de Gilles Deleuze (Janvier 2010) ou encore le « tournant vitaliste » (Lafontaine 2021) que l’anthropologie a amorcé ces dernières années, notamment avec Baptiste Morizot (2020). Ces champs de recherche, différenciés selon bien des aspects épistémologiques, ont en partage un espace de représentation ou, si l’on préfère, un imaginaire épistémique dans et par lequel se déploient l’étude et la pensée. On observera cependant que les sciences non humaines et non sociales, parfois rassemblées, par effet de contraste, sous l’appellation de « sciences de la nature », ne trouvent guère, quant à elles, à se fédérer autour du principe vital. Il a fallu des philosophes, surtout dans la tradition française de l’épistémologie (Canguilhem 1952), pour qualifier de « vitalistes » certains travaux en biologie. Ces philosophes opposaient ainsi leurs vues à celles d’autres philosophes (Descartes en tête) qui avaient défendu, pour les sciences et pour le savoir en général, un postulat « mécaniciste ». Pourvu qu’on admette cet état des lieux, que notre communication tâchera d’étayer, deux questions d’épistémologie générale peuvent être soulevées, en invitant à considérer le vitalisme en regard d’autres imaginaires épistémiques. D’une part, l’alternative du vitalisme et du mécanicisme que les épistémologues posent parmi les sciences de la nature peut-elle aider à comprendre les enjeux du vitalisme en linguistique ? Les linguistes seraient-ils vitalistes aussi pour des raisons de défense contre des perspectives plus mécanicistes, lesquelles semblent par exemple plus prégnantes au sein des écoles structuralistes ou générativistes ? Comment l’imaginaire vitaliste s’articule-t-il à d’autres imaginaires dans les théories linguistiques, et pour remplir quelles fonctions ? En quoi l’épistémologie des sciences sociales peut-elle aider à comprendre la dialectique entre vitalisme et mécanicisme, ou plus largement la pluralité impure des « modèles épistémologiques » (Gusdorf 1990) ? D’autre part, Hans Blumenberg (1981) a montré que le savoir est travaillé, dès l’Antiquité, par un désir de correspondances entre la description du monde et la lecture des textes. Ces correspondances se révèlent particulièrement fructueuses dans les sciences du vivant au XXe siècle. La métaphore du vivant comme écriture à déchiffrer et texte à lire a en effet été très importante pour le décodage du génome humain. Ainsi, dans le même temps que l’étude du langage est fédérée par un imaginaire vitaliste, l’étude du vivant fait des progrès décisifs quand elle est nourrie par un imaginaire qu’on pourrait qualifier de philologique : ce sont ici les Humanités qui offrent un espace de représentation et des idées régulatrices (code, texte, interprétation) à même de fonder la pratique de savoir. Cette évolution en miroir (plutôt qu’en parallèle) d’une science de la nature et d’une science de l’homme permet d’interroger d’une manière renouvelée les aspirations universalistes des savants. Notre communication développera les deux questions en s’efforçant de souligner leurs points de recoupement autour de l’hypothèse directrice suivante : toute pratique de savoir s’alimente nécessairement à un substrat imaginaire qui en autorise le déploiement en même temps qu’il en cultive les porosités ; ces imaginaires épistémiques s’inscrivent dans une dynamique à la fois cyclique (dans la diachronie d’un même champ disciplinaire) et croisée (entre différentes disciplines). Références Blumenberg H. (1981), La lisibilité du monde, Paris, Cerf, 2007. Canguilhem G. (1952), La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 2e éd., 1965 Gusdorf G. (1990), « Les modèles épistémologiques dans les sciences humaines », Bulletin de psychologie, 397, p. 858-868. Janvier A. (2010), Vitalisme et philosophie critique. Thèse de doctorat. Université de Liège. Lafontaine C. (2021), Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant, Paris, Seuil. Larson, R.L., V. Deprez & K. Yamalido, eds. (2010), The Evolution of Human Language: Biolinguistics Perspectives, Cambridge University Press. Morizot, B. (2020), Manières d’être vivant, Arles, Actes Sud. Segond J. (1911), Cournot et la psychologie vitaliste, Paris, F. Alcan Vandenberghe, F. (2009), La sociologie de Georg Simmel, Paris, La Découverte.
Research center :
Traverses - ULiège [BE]
Mondes anciens - ULiège [BE]
Disciplines :
Languages & linguistics
Author, co-author :
Lttr13
Badir, Sémir  ;  Université de Liège - ULiège > Département de langues et littératures romanes > Sciences du langage - Rhétorique
Polis, Stéphane  ;  Université de Liège - ULiège > Département des sciences de l'antiquité > Egyptologie
Provenzano, François ;  Université de Liège - ULiège > Département de langues et littératures romanes > Sciences du langage - Rhétorique
Language :
French
Title :
Imaginaires cycliques et croisés. À quoi s’oppose le vitalisme ?
Publication date :
17 November 2023
Event name :
Vitalismes linguistiques. La métaphore biologique dans les discours sur les langues
Event organizer :
Malo Morvan
Event place :
Tours, France
Event date :
16–17 Novembre
By request :
Yes
Audience :
International
Peer reviewed :
Editorial reviewed
Funders :
F.R.S.-FNRS - Fonds de la Recherche Scientifique [BE]
Available on ORBi :
since 29 November 2023

Statistics


Number of views
20 (3 by ULiège)
Number of downloads
0 (0 by ULiège)

Bibliography


Similar publications



Contact ORBi