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Abstract :
[fr] Cette communication est dédiée à l’intense campagne de publications suscitée par les conflits des années 1620, connus sous le nom de guerres de Rohan, et tout spécifiquement par les campagnes de Louis XIII en Béarn, à La Rochelle, à Montauban, à Saint-Jean d’Angély et à Montpellier (1620-1622). Elle montrera comment le roi et son entourage élaborent une stratégie de communication qui vise à imposer une interprétation précisément délimitée des campagnes royales et comment un groupe d’individus méconnu, les catholiques zélés, a produit des imprimés polémiques en proposant une lecture concurrente et parfois divergente.
Cette étude entend dépasser le clivage entre textes d’opinion et textes d’action en interrogeant d’un même regard les idées politico-religieuses et les pratiques argumentatives d’un ensemble de textes cohérent. Cette approche montrera en quoi les catholiques zélés se distinguent des dévots (avec lesquels on les a souvent confondus) et constituent en partie les héritiers de la Ligue, laquelle, à la fin du XVIe siècle est entrée en révolte ouverte contre le roi Henri III. De plus, l’étude contrastée de deux ensembles de discours permettra d’identifier l’action politique des catholiques zélés et tout spécifiquement leurs rapports au pouvoir : il s’agira de montrer comment leurs libelles, officiellement favorables à Louis XIII, leur permettent en réalité de se positionner dans une logique de rapports de force avec les Bourbon et de souligner l’insuffisance de la politique royale en matière de lutte contre le protestantisme.
L’opposition entre les discours ludovicien et zélé sera identifié à travers quatre directions principales. Premièrement, on verra que la monarchie se refuse à parler de guerre et évoque plutôt une réconciliation autour de la figure du roi, alors que les catholiques zélés dépeignent les événements en des termes martiaux et plaident parfois en faveur d’un accroissement de la violence. Deuxièmement, on envisagera le refus royaliste de considérer les conflits comme religieux ou d’associer la Réforme à la sédition, et l’argumentation déployée par les zélés afin d’attester que la guerre oppose les catholiques aux « hérétiques », et que ces derniers sont indissociables des séditieux. Troisièmement, seront étudiées les divergences quant aux rapports entre religion et politique : Louis XIII renforce le processus de sacralisation de la monarchie initié par son père, au sein duquel le roi est l’élu de Dieu, et les zélés plaident pour la soumission du fils aîné de l’Église aux commandements célestes, et envisagent donc le roi comme le bras armé de Dieu. Enfin, on verra que le roi présente son intervention comme la répression d’une rébellion ponctuelle alors que, pour les zélés, il s’agit d’une continuation des conflits du XVIe siècle voire d’un épisode d’une histoire sainte, comme le réveil d’une guerre éternelle entre le bien et le mal.