Ethnographier les chasseurs ardennais : au-delà du terrain sans sympathie, rendre compte sans justifier

Depuis 2018, les loups gris ont fait leur retour sur le territoire wallon après près d’un siècle d’absence. Les irruptions puis l’installation de ces derniers sur un territoire jusque-là exempt de grand prédateur interrogent et bouscule les représentations et les pratiques des acteurs impliqués de près ou de loin dans l’exploitation, la gestion et la protection des forêts ardennaises et de leur grande faune. Parmi ceux-ci figurent les adeptes de la chasse auprès desquels j’ai mené plusieurs entretiens ainsi que de nombreuses heures d’observation participante dans le cadre de ma recherche doctorale. Sur ce terrain, à l’égard duquel je nourrissais peu de sympathie et de nombreux a priori, trouver ma place s’est avéré difficile et l’exercice a soulevé de nombreuses interrogations quant au rôle des émotions du.de la chercheur.euse sur son terrain ainsi que la possible fertilité d’une relation fondée sur de menus malentendus. À l’heure de la rédaction, la relation tissée avec ce terrain et les acteurs que j’y ai rencontrés reste complexe et génère de nouvelles interrogations. Comment rester à la fois juste et critique ? Comment rendre compte de l’expérience et du point de vue des chasseurs ardennais sans justifier, légitimer ou disqualifier leurs pratiques ?