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Abstract :
[fr] Dans la "Phénoménologie de la perception" (1945), Merleau-Ponty s’inquiétait sérieusement d’une tendance de la science moderne, et derrière elle de la conscience intentionnelle, toujours soucieuse de déterminer les choses pour elle-même (c’est-à-dire comme si elle en était le point d’origine), à croire et à penser le monde comme étant « à disposition » (dans ce modèle, l’humain s’intéresserait prioritairement au monde tel qu’il se présente « pour lui »). Merleau-Ponty avait repéré avant d’autres à quel point les vues scientifiques semblaient intrinsèquement liées à un étonnant et implicite sens de la propriété (sur les choses). L’exemple qu’il choisissait dans les toutes premières pages de son ouvrage majeur était précisément celui du paysage.
"Les vues scientifiques selon lesquelles je suis un moment du monde sont toujours naïves et hypocrites, parce qu’elles sous-entendent, sans la mentionner, cette autre vue, celle de la conscience, par laquelle d’abord un monde se dispose autour de moi et commence à exister pour moi. Revenir aux choses mêmes, c’est revenir à ce monde avant la connaissance dont la connaissance parle toujours, et à l’égard duquel toute détermination scientifique est abstraite, signitive et dépendante, comme la géographie à l’égard du paysage où nous avons d’abord appris ce que c’est qu’une forêt, une prairie ou une rivière" (« Avant-propos », Phénoménologie de la perception, p. III).
Comment retrouver alors – en dépit de notre besoin réel/légitime de saisir le monde – l’épreuve du « corps explorateur voué aux choses » (Merleau-Ponty), qui plutôt que de rendre les choses « dociles » à la conscience (transparentes à sa soif de com-préhension), s’inquiète des multiples voies par lesquelles on est susceptible de s’y attacher ? Comment faire du monde autre chose qu’un étalage à observer à distance ou une exposition qui aurait été prévue pour nous ; comment revenir à une forme de contact plus modeste et intégré, qui passerait en quelque sorte sous les démonstrations de la science moderne objectivante ? Pour penser le réel comme tissu complexe plutôt que comme vitrine (le tissu nous engage, la vitrine nous laisse indemnes de tout entremêlement), une piste possible serait de s’intéresser à la manière dont les autres sens que la vue entrent en jeu dans l’expérience perceptive de l’environnement ou des milieux. La vue n’est pas une modalité sensorielle problématique en soi mais généralement « la sensibilité visuelle nous dispose à penser en termes de certitude » (T. de Meyer).
Event organizer :
International conference organised by SEARCH (UR 2325, Université de Strasbourg), MGNE (UR 1341, Université de Strasbourg), CHER (UR 4376, Université de Strasbourg), Haute Ecole des Arts du Rhin
Funders :
SEARCH (UR 2325, Université de Strasbourg), MGNE (UR 1341, Université de Strasbourg), CHER (UR 4376, Université de Strasbourg), Haute Ecole des Arts du Rhin