No document available.
Abstract :
[fr] Dès le Précis du système hiéroglyphique (1824, p. 214–217), Jean-François Champollion commente divers cartouches royaux où les signes hiéroglyphiques interagissent les uns avec les autres et sont agencés en compositions complexes. Malgré quelques difficultés de lecture, il comprend d’emblée qu’il s’agit « de simples variantes du prénom ordinaire » du pharaon. Il réserve dans cet essai le terme « énigmatique » à une catégorie particulière de hiéroglyphes symboliques (1824 : 292–295), mais il y propose la première analyse de frises et soubasse¬ments (1824 : 362–363) qui seront plus tard qualifiées de compositions cryptographiques (Fig. 1). Si les principes fondamentaux de ce type d’inscriptions de nature « énigmatique » (Klotz & Stauder 2020) sont alors identifiés, il n’en sera pas moins confronté, en particulier au cours de son voyage en Égypte de 1828–1829 (Lauth 1866 : 24), à des textes qui résistent à son système, les signes ne pouvant être lus avec les valeurs phonographiques régulières qu’il avait si brillamment mises au jour : il s’agirait « d’une sorte d’écriture secrète ». À partir de notes, lettres et publications du père de l’égyptologie, je propose d’explorer ici la préhistoire de la cryptographie (Morenz 2008 : 18–19) en examinant l’attitude du déchiffreur vis-à-vis de ces hiéroglyphes qui demeuraient alors largement incompréhensibles.