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Abstract :
[fr] Les épreuves isocinétiques destinées à apprécier la qualité de force musculaire ont fait l’objet de nombreux travaux de validation. Ces épreuves maximales, de courte durée (nombre réduit de répétitions), reconnaissent des applications dans des domaines variés : traumatologie et chirurgie de l’appareil locomoteur, affections neurologiques, insuffisances pulmonaire et cardiaque, prévention lésionnelle … Selon les contextes, les protocoles comportent des exercices concentriques et/ou excentriques à différentes vitesses angulaires.
D’autres qualités musculaires, fondées sur des filières énergétiques différentes, peuvent bénéficier de l’exploration isocinétique. Ainsi, l’étude de la résistance à la fatigue, correspondant davantage au métabolisme anaérobie lactique, devrait représenter une application de choix. Cependant, les épreuves isocinétiques de résistance à la fatigue n’ont, à ce jour, pas bénéficié de la même attention méthodologique, rendant leur application clinique plus confidentielle. Il semble légitime de s’interroger sur les critères actuels d’interprétation d’un test de résistance à la fatigue, et en particulier sur la définition d’un résultat « anormal » impliquant une prise en charge thérapeutique.
Plusieurs points retiennent notre attention :
o groupes musculaires à explorer ;
o choix du mode de contraction et de la vitesse angulaire ;
o durée optimale de l’épreuve (nombre de répétions) ;
o reproductibilité et caractère discriminant des paramètres mesurés et calculés ;
o conséquences physiologiques de ce type d’effort et risques potentiels ;
o champs d’application.
Des résultats récents [1] indiquent, chez des sujets masculins sains pour les muscles quadriceps (Q) et fléchisseurs (Fl) du genou :
- la bonne reproductibilité du paramètre Travail total (Wtot) mesuré sur le quadriceps au cours d’une épreuve à 180°/s, comportant 20, 30, 40 ou 50 répétitions ; le Wtot mesuré sur les Fl apparaît moins reproductible ;
- les index de fatigue classiquement calculés par les dynamomètres isocinétiques mettent en relation les performances au terme de l’épreuve (3-5 dernières répétitions) avec la performance au début de l’exercice (3-5 premières répétitions). Sur base de la qualité de reproductibilité, de tels index de fatigue devraient laisser place à des index de fatigue rapportant la performance à la fin de l’exercice (3-5 dernières répétitions) au Wtot développé durant l’épreuve ;
- les muscles ischio-jambiers se caractérisent par une résistance à la fatigue réduite en comparaison avec le quadriceps. Il est tentant d’ajouter cette particularité à la liste des facteurs intrinsèques de risque lésionnel des ischio-jambiers ;
- les épreuves isocinétiques de résistance à la fatigue s’accompagnent d’une sollicitation cardio-vasculaire majeure : ainsi la fréquence cardiaque (FC) s’élève à 83 % de la FC maximale théorique dès la 20ème répétition, et atteint 87 % à la 50ème répétition. Une telle réponse indique clairement le risque potentiel des épreuves de résistance à la fatigue. Ainsi la durée (20 – 30 – 40 ou 50 répétitions) de l’épreuve sera adaptée à la population bénéficiant de l’évaluation.
Références
[1] Croisier et al. Analysis of a fatigue protocol for knee extenso rand flexor muscle groups. Isokin Exerc Sci (accepted).