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Unpublished conference/Abstract (Scientific congresses and symposiums)
Les critiques féministes et ordinaires des « tortures » obstétricales en URSS : des inégalités entre patientes, des comparaisons sources d’indignation, et des impensés (1979-1989)
Claro, Mona
2022Enfanter : pratiques et discours
 

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Keywords :
Santé reproductive; Gynécologie; Accouchement; Genre; Féminisme; URSS
Abstract :
[fr] Dans le contexte du régime autoritaire soviétique des années Brejnev, on ne saurait retrouver des mobilisations féministes ou de patientes autour de l’enfantement similaires à celles qui ont pu se déployer à l’Ouest. Néanmoins, des dissidentes féministes se sont emparées de ce sujet dans des publications clandestines du début des années 1980. Ensuite, pendant la perestroïka, un abondant courrier de lectrices publié dans un magazine féminin grand public a véhiculé des témoignages et des revendications extrêmement similaires à ceux des dissidentes. Cette communication mobilisera ces deux corpus avec une approche socio-historique, afin de mettre en lumière un pan sous-investigué de la préhistoire des luttes actuelles autour des « violences obstétricales ». La question de recherche est la suivante : comment des indignations et des revendications autour de l’enfantement émergent – ou n’émergent pas – dans un régime autoritaire qui impose un protocole précis d’accouchement à l’hôpital, et qui interdit les mobilisations politiques et les débats publics à ce sujet ? Dans les années 1980, l’URSS restait à l’écart de trois grandes évolutions qui avaient touché ou étaient en train de toucher les façons d’accoucher en Occident. Premièrement, la méthode de « l’accouchement sans douleur » importée à l’Ouest par Lamaze, bien que d’origine soviétique, et décrétée là-bas méthode officielle, n’y existait finalement (presque) que sur le papier. En outre, le mouvement « d’humanisation de la naissance » y était inconnu. Deuxièmement, l’entrée dans les maternités restait interdite aux proches des parturientes. Troisièmement, il n’y avait aucune émergence de la péridurale. Par ailleurs, ces questions étaient presque totalement exclues du débat public, avant la perestroïka. Dans ce contexte, des féministes, puis des femmes ordinaires, ont dénoncé, notamment : l’absence de prise en charge de la douleur lors des accouchements et des épisiotomies ; l’indifférence et la « cruauté » d’un personnel soignant débordé, travaillant « à la chaîne » ; l’interdiction des visites des proches. Certaines ont parlé de « tortures » gynécologiques. Leurs critiques ont porté, plus largement, sur le manque de moyens du système de santé. L’indignation naît souvent de la comparaison. Mais étant donné la censure et les contacts très limités avec l’Ouest, ces femmes Soviétiques n’étaient pas au fait des pratiques d’enfantement et des luttes qui s’y rapportaient ailleurs dans le monde. Pour elles, le principal moyen de déconstruire l’évidence d’une pratique médicale était de découvrir d’autres possibles par soi-même ou via le bouche à oreille. Or, en URSS, toutes les patientes n’étaient pas égales face à la médecine, de façon plus ou moins flagrante : certaines parvenaient à obtenir des soins jugés de meilleure qualité et plus personnalisés, en faisant jouer leurs relations pour échapper au médecin de secteur assigné, et en payant des dessous-de-table ; il existait aussi des établissements réservés à une certaine élite. Il s’agissait d’une stratification sociale avant tout liée au capital social et culturel, davantage qu’au capital économique. Ce sont notamment ces inégalités qui ont permis des comparaisons et des indignations. En revanche, l’isolement de l’URSS par rapport au reste du monde tendait à rendre impensables certaines revendications, telles que la péridurale, la participation du père à l’accouchement, le choix de la position d’accouchement, ou le moindre recours à l’épisiotomie.
Disciplines :
Sociology & social sciences
Author, co-author :
Claro, Mona ;  Université de Liège - ULiège > Département des sciences sociales > Du genre et de la théorie sociologique
Language :
French
Title :
Les critiques féministes et ordinaires des « tortures » obstétricales en URSS : des inégalités entre patientes, des comparaisons sources d’indignation, et des impensés (1979-1989)
Publication date :
27 January 2022
Event name :
Enfanter : pratiques et discours
Event organizer :
Elsa Boulet et Ronald Guilloux (Centre Max Weber, S2HEP, Université Lyon 1, Maison des Sciences de l'Homme Lyon-Saint-Etienne)
Event place :
Lyon, France
Event date :
27/01/2022
Audience :
International
Available on ORBi :
since 27 January 2022

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