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Abstract :
[fr] Partant des exemples en politique belge de la part de l’impossibilité de laisser les règles et les dispositifs en l’état, la part du circonstanciel, des contingences dans la définition des mesures collectives sont légion.
La révolution belge fut une expression de colère du prolétariat urbain bruxellois affamé et surtaxé dont la bourgeoisie se saisit pour répéter son insatisfaction vis-à-vis de la minorisation des Belges par la politique de Guillaume d’Orange à la fois trop calviniste, trop néerlandaise et trop autoritaire. Durant les semaines qui séparent l’émeute du 25 août 1830 de la déclaration d’indépendance du 4 octobre, la garde bourgeoise puis la commission administrative provisoire enfin le gouvernement provisoire et son comité central improvisèrent une politique d’abord de reconnaissance des intérêts des provinces du Sud face aux provinces du Nord puis évoluèrent jusqu’à improviser une revendication d’indépendance.
De même la sixième réforme de l’Etat fut le fruit d’une suite de crises mémorables entre 2007 et 2011, de gouvernement en affaires courantes ainsi que d’une urgence en automne 2011 quand les agences de notation commencèrent à dégrader les valeurs des emprunts belges. L’accord de gouvernement qui en sortit régla pour plus de dix ans les compétences des entités fédérées de l’Etat belge.
Si on quitte la politique belge pour utiliser le travail déjà classique de Theda Skocpol Etats et révolutions sociales, associé au travail connu mais plus polémique de Naomi Klein la Stratégie du choc, on élargit encore le spectre. Là où la seconde voit à notre époque le poids des forces néolibérales, la première voit les incertitudes des moments de rupture de légitimité interne causée par des contraintes internationales.
La question la plus significative est peut-être de savoir si la révolution française, la révolution américaine voire la révolution tranquille anglaise en 1689, la révolution conservatrice prussienne de 1806 à 1812, la révolution Meiji en 1868 ne furent pas également les fruits de crises et d’urgences, justifiant l’adoption de modes de décision que la stabilité des rapport de force rendaient simplement impensables quelques mois auparavant ; autrement dit, si les règles considérées comme les plus stables ne sont pas le fruit à la fois de contingences critiques et urgentes mêlées à des dispositifs déjà tentés auparavant ailleurs, reproduits et transformés en fonction des rapports de force.