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Abstract :
[fr] On tentera ici de défaire l’idéologie du « brut » dans les analyses du paysage – le fantasme de ce qui n’aurait pas/peu été abimé par les activités industrielles, ou entaché par les traces de l’homme. Le paysagiste Gilles Clément montre dans ses textes que les milieux résistent toujours à la fois à leur exploitation et à leur « préservation ». Ils sont dynamiques et inventifs ; il faut faire avec. On envisagera ce que Clément appelle le « tiers-paysage », ces friches et délaissés urbains où l’activité semble suspendue ou amortie, mais qui deviennent manifestement des « ilots » ou des refuges de biodiversité, du fait qu’ils ne sont plus entretenus. Le Tiers- paysage et ses « ruines » industrielles permettent aussi un rapport réinventé au paysage, un rapport « non- esthétique » (au sens plat de l’esthétique), qui tiendrait compte de « l’art involontaire », un art de situation qui ne prendrait pas les formes du sauvage ou du brut, mais qui intègrerait l’aléatoire et les artifices. Les photographies de Koudelka permettent de revoir sous cet angle les conventions de l’esthétique « ruiniste » - il s’agit d’un art photographique qui assume la complexité de son objet, un objet abimé, pour une part morbide, involontaire et pourtant majestueux.