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Abstract :
[fr] La fonction d’éditeur est de celles qui nous paraissent aujourd’hui aussi naturelles que l’existence d’une littérature faite de livres, de prix littéraires et d’auteurs individuels. Perception trompeuse : l’édition a une histoire et, par conséquent, sa stabilité n’est pas définitivement acquise.
Naissance de l’Éditeur entend rendre compte de cette histoire et cerner les facteurs qui ont autorisé l’émergence d’une fonction symbolique sans précédent. En ce sens, l’ouvrage insère dans un commentaire nourri de nombreux textes d’écrivains, journalistes, critiques littéraires ou éditeurs de la période concernée, dont l’ensemble compose quelque chose comme le portrait collectif de l’Éditeur moderne. Aux côtés de Nodier, Balzac, Gautier, Sand ou Daudet, c’est toute une galerie de témoignages qui sont ici réunis pour la première fois, sous les signatures injustement négligées de Soulié, Régnault, Asseline, Werdet ou encore Janin, portant à tour de rôle sur la double marche de la « chose littéraire » et de la « chose éditoriale » un regard souvent ironique, parfois caustique, mais toujours éloquent.
L’enjeu de cette reconstruction sociologique et historique n’est pas simplement d’érudition ou de curiosité à l’égard de quelques figures tenues dans l’ombre par le culte exclusif des grands auteurs. Il est aussi d’alerter sur les logiques qui font aujourd’hui évoluer le système éditorial vers une production « sans éditeurs », articulée à de grands groupes anonymes nationaux ou internationaux, pour lesquels le livre n’est qu’un produit parmi d’autres. Mettre en évidence les facteurs ayant présidé à la constitution d’un champ littéraire et éditorial autonome revient aussi bien, en effet, à porter au jour les facteurs qui, aujourd’hui, tendent à réduire cette autonomie, produit d’une longue lutte des producteurs intellectuels contre la soumission de leur activité aux deux contraintes de l’État et de l’Économie.