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Abstract :
[fr] Dans ce chapitre, nous nous intéressons à l’apprentissage de l’anatomie à travers la pratique des dissections humaines, en nous appuyant sur une ethnographie réalisée au sein de centres hospitaliers universitaires belges. Cette activité y est envisagée comme une façon de parvenir à visualiser les structures anatomiques in situ, et plus précisément, comme une façon d’apprendre à voir avec les yeux et avec les mains. Disséquer et visualiser participent ainsi d’un même mouvement, au cours duquel le cadavre ainsi ouvert devient signifiant pour ceux qui l’observent et le manipulent, et dont l’expérience est celle d’une confrontation directe et sensible avec le corps d’un autre humain. Notre proposition est qu’au cours des travaux pratiques d’anatomie, communément considérés comme un moment charnière des études médicales, le cadavre disséqué se donner à voir comme un « corps-objet anatomique » qui advient en même temps qu’il s’élabore. Se forme alors un regard spécifique, qui dépasse de loin la seule vision et implique le corps tout entier des étudiants, remettant au cœur de l’expérience les perceptions sensorielles qui pourraient, à tort, sembler anodines.