No document available.
References of the abstract :
Cette dernière décennie a été le témoin de l’essor du mouvement de la biologie do-it-yourself ainsi que de la multiplication de projets unissant d’une part scientifiques et d’autre part designers et/ou artistes. Dans ce cadre général, nous assistons de plus en plus à une manipulation du vivant microscopique de la part d’individus issus de disciplines au demeurant bien éloignées de la microbiologie et des sciences de la vie, comme l’architecture et le design. Ainsi, si la culture de champignons par les amateurs est loin d’être chose nouvelle, le fait de solliciter ces organismes dans des laboratoires dits « de garage » afin de travailler avec le mycélium (la partie végétative invisible du champignon) pour produire de nouveaux types de (bio)matériaux pose des questions inédites. C’est ce qu’entend explorer cette communication, à partir d’une ethnographie en cours menée auprès de professionnels comme d’amateurs engagés dans la manipulation du mycélium. En nous appuyant sur des entretiens compréhensifs et des observations principalement réalisées au sein d’un laboratoire citoyen de Belgique francophone, nous verrons comment ces espaces non-institutionnels favorisent l’expérimentation avec le vivant microscopique. La valorisation de ce dernier qui s’y donne à voir semble correspondre à ce qui a été défini comme un ethos post-pasteurien (Paxson, 2008) utilisant une alliance avec les microbes, entendus cette fois non pas comme pathogènes à craindre mais bien comme alliés précieux dans des projets humains. Ces pratiques émergentes donnent effectivement naissance à de nouveaux récits, à tout le moins à des récits mettant explicitement en avant des notions telles que celles de collaboration, de
potentiel, d’enthousiasme voire d’émerveillement relatif à ces micro-organismes.