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Unpublished conference/Abstract (Scientific congresses and symposiums)
Perception amodale, Intersensorialité, Synesthésie. Introduction aux enjeux du séminaire.
Hagelstein, Maud
2021PERCEPTION AMODALE, INTERSENSORIALITÉ, SYNESTHÉSIE INTRODUCTION – SÉMINAIRE du Creph 2021
 

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Keywords :
phénoménologie; théorie du sensible; sensorialités; expérience esthétique; multimodalité; synesthésie
Abstract :
[fr] Si on s’aventure au contact d’œuvres d’art contemporaines, on trouve de nombreuses expériences hors-normes, ou en tout cas hors des normes de l’expérience sensible ordinaire. Et tout ceci m’a donné une première fois envie de travailler la question du rapport (ou du non-rapport) entre les sens et des modèles qui permettent de le théoriser. Doit-on reconnaître et décrire les liens entre les modalités sensorielles comme des liens de solidarité, d’alliance, de renforcement, de concurrence, de désaccord ou de conflit ? Comment penser leur éventuelle unité et pour quels types d’expérience ? Et, à rebours de cette quête d’unité, quelles sont les expériences qui réclament de sortir du holisme perceptif ? Autrement dit : Y a-t-il des situations empiriques particulières (existentielles, cliniques, artistiques, écologiques) dans lesquelles les sens peuvent s’autonomiser, s’exercer de manière pure ou déconnectée ? Parmi les modèles qui théorisent les structures de la perception sensorielle, on trouve notamment celui de la perception amodale (ou de la « synesthésie ontologique »), qui fait référence – comme chez Merleau-Ponty – à une couche originaire du sentir, antérieure à la division des sensorialités en canaux différenciés d’informations, où les sens semblent engagés dans une connivence primordiale. Je pense par ex. aux travaux du psychologue Daniel Stern avec les nourrissons : ses expériences indiquent que ces derniers auraient une aptitude générale innée à traiter des informations reçues dans une modalité sensorielle donnée en les traduisant instantanément pour une autre modalité sensorielle (actualisation dans le champ de la psychologie du problème de Molyneux). Et Stern utilise l’expression « perception amodale » pour désigner ce sentir général non découpé chez les nourrissons (The Interpersonal World of the Infant, 1985). Il y aurait là une « harmonie préétablie » ou une « confusion originaire des sens » qui se perd/résout par la suite, probablement sous l’effet de l’accumulation d’expériences (contraction d’habitudes) et de l’acquisition du langage. Daniel Stern reste assez discret sur ce qui – selon lui – pourrait expliquer les délimitations entre les sens, et l’assimilation de certaines modalités du sentir à des organes précis. Ce qui m’intéresse dans ce modèle : l’idée d’un non-ajustement ou d’une non-spécialisation des conduites sensorielles des nourrissons. Et toutes les expérimentations ouvertes que ce non-ajustement ou cette non-évidence entraîne : le bébé – dans son indifférence au découpage de la sensibilité – ne sait pas quel type de comportement sensoriel il est censé adopter pour telle ou telle expérience, donc il teste des choses inédites (et il est programmé pour les tester) : avaler des lumières, manger avec les yeux, etc. Les nourrissons chercheraient et seraient curieux de stimulations sensorielles qu’ils ne connaissent pas. Ils se lassent d’ailleurs assez vite des stimulations qu’ils reconnaissent : leur recherche précède l’élaboration d’hypothèses et tout système de motivations. Il y aurait une grande créativité relative à cet ajustement imprécis à l’expérience – que Stern lui-même associe aux actes de création chez les artistes. Si on refuse le modèle de la perception amodale, qu’on s’éloigne de l’idée du holisme perceptif, on pourra se demander dans quel type d’organisation (souvent hiérarchique et concurrentielle) les modalités sensorielles sont saisies. Ceci engage d’autres questions : Comment s’est construit le déni des sensorialités basses (olfaction, goût, toucher) ? Quels seraient les avantages spécifiques des différentes modalités du sentir (qui justifieraient le primat accordé à l’une ou l’autre) ? Mais aussi : est-il possible de borner la perception sensible – même provisoirement, même par l’entremise d’une expérience hors-norme – à l’exercice d’un seul de nos sens (comme dans la fiction de Condillac) ? Y a-t-il une indépendance possible ou radicale des sens (expérience hystérique du sentir au sens de Deleuze) ? Y a-t-il des intensités que la synthèse perceptive ne parvient pas à dompter, qui sont de pures différences, réfractaires à l’harmonie ? Et sinon : comment les sens peuvent-ils se combiner, étant entendu que les phénomènes relevant de l’intersensorialité ne sont pas toujours réfléchis au départ d’une conception « synchronisée » des sens (tendus par la nécessité d’une synthèse perceptive), mais qu’ils révèlent aussi parfois des décalages, des différences et des concurrences (des subordinations et des insubordinations plus ou moins fortes) ? Enfin, un autre type d’association entre les sens semblait intéressant à envisager, celui de l’association directe, instantanée, de la synesthésie. Partant de cette tension (que j’esquissais très vite) entre un modèle unitaire et un modèle atomiste ou différencié de la vie sensorielle, comment décrire les phénomènes dits synesthésiques – qui sont par définition des phénomènes d’association et de traduction instantanée entre les sens ? La perception synesthésique est-elle la règle ou l’exception ? Que faire de ces expériences particulières où l’on « reçoit » des données sensorielles d’un organe qui n’est a priori pas directement stimulé (entendre des couleurs par ex.) ? Que révèlent ces expériences ? En particulier, si l’on part de l’idée qu’elles ne révèlent pas une connivence fondamentale des sensorialités entre elles, est-il possible de penser philosophiquement la synesthésie autrement que comme accord sans heurt de nos sensations ?
Research center :
Creph - Centre de recherches phénoménologiques
Disciplines :
Art & art history
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Hagelstein, Maud ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Esthétiques phénoménologiques et esth. de la différence
Language :
French
Title :
Perception amodale, Intersensorialité, Synesthésie. Introduction aux enjeux du séminaire.
Publication date :
19 April 2021
Event name :
PERCEPTION AMODALE, INTERSENSORIALITÉ, SYNESTHÉSIE INTRODUCTION – SÉMINAIRE du Creph 2021
Event organizer :
Maud Hagelstein / Jérôme Flas / Creph - Centre de recherches phénoménologiques.
Event date :
du 19 avril au 23 avril 2021
Audience :
International
Name of the research project :
PDR F.R.S.-FNRS "Iconologie, sensibilité, temporalité"
Funders :
Fonds de la Recherche Scientifique - F.R.S.-FNRS, Faculté de philosophie et Lettres ULiège
Available on ORBi :
since 30 April 2021

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