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Abstract :
[fr] Le « pouvoir culturel » des cardinaux est relativement bien connu pour la Renaissance. Leur rôle est déterminant quant à la circulation des formes, des idées et des artistes dans l’Europe culturelle de l’époque. Nonobstant les réformes, plus ou moins timides, introduites à partir du Concile de Trente, le pouvoir économique des cardinaux demeure durant tout l’Ancien Régime. Rome est aujourd’hui encore marquée de leurs actions magnificentes.
Cette intervention se concentre sur la fonction de protecteur de couronne qui est parfois associée au titre de cardinal, et en particulier sur Girolamo Colonna, cardinal-protecteur du Saint-Empire (1644-1664) et d’Aragon (1645-1666).
L’étude de la nature et de l’ampleur de la contribution de Girolamo Colonna aux festivités célébrées par l’Empire ou l’Espagne à Rome met en évidence la fragilité de la distinction traditionnelle entre mécénat privé et public, et la porosité des catégories historiographiques traditionnelles envisageant de manière distincte la musique du palais ou celle de la chapelle.
À la faveur de la fonction assumée pour une « nation » déterminée, le cardinal protecteur intervient à différents niveaux de la vie festive et musicale romaine. C’est tantôt lui qui initie les festivités, tantôt lui qui contribue à leur financement. Dans la mesure où certaines institutions nationales à Rome sont placées sous une domination politique plus rigide, certains assument aussi une fonction de contrôle protocolaire.
Quel modèle analytique peut-on dès lors élaborer pour un tel type de mécénat ? Comment dépasser le modèle interprétatif de l’échange élémentaire entre prestige et protection ? Ou celui du geste politique d’affirmation sociale ou d’auto-légitimation du pouvoir dudit cardinal et du prestige de la nation qu’il représente ? Peut-on y voir aussi une certaine esthétisation de la politique, qui confèrerait à ce type de mécénat, ainsi que le suggère Claudio Annibaldi , une forme de supériorité spirituelle et éthique ?
Le cas particulier du mécénat de Girolamo Colonna, relativement peu connu à ce jour, sert ici de cas d’étude à la réflexion.