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Abstract :
[fr] Les fleuves sont des objets anthropiques millénaires dont l’accélération de l’aménagement a coïncidé à une vision colonialiste et dualiste des rapports Homme-Nature, puis à un contexte de marchandisation des ressources en eau et foncières à l’origine de nombreux problèmes actuels. En Afrique, le fleuve Sénégal a connu cette trajectoire, puisque son régime hydrologique est aujourd’hui fortement régulé afin d’assurer la production hydroélectrique bénéficiant aux centres urbains et l’irrigation de coûteux aménagements hydro-agricoles au détriment du fonctionnement socio-agro-écologique de la vallée. Cette situation a profondément modifié le rapport des sociétés avec « son » fleuve, où la crue annuelle a eu un rôle majeur dans la structuration du paysage de l’eau et du paysage social de la vallée.
Dans le contexte de ce colloque sur la culture du fleuve en Afrique, il semble pertinent de réinterroger le rôle de la crue comme ressource locale dans le bassin du Sénégal. Celle-ci est, en effet, prise dans un conflit d’usage existant depuis les années 1980, puisqu’elle représente autant une ressource pour les populations locales qu’un frein pour les États et leur vision du développement économique des fleuves. La communication présentera, à partir de données de terrain et d’enquêtes, une analyse des potentialités de la crue comme ressource en considérant deux volets majeurs : assurer un fonctionnement écologique du fleuve et permettre un usage diversifié de l’eau par les populations. Enfin, pour nourrir la réflexion autour du concept de culture du fleuve, la communication cherchera à ré-interroger l’importance des solidarités longitudinales pour les ressources en eau, puisqu’il existe plusieurs projets de construction de barrages, et la possibilité de considérer différemment le fleuve dans les politiques publiques, c’est-à-dire comme un objet naturel, social et économique.