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Abstract :
[fr] Au croisement des sciences de la vie, des biotechnologies et du design, on assiste depuis plusieurs années à des développements technologiques qui cherchent à faire face aux défis écologiques contemporains en fabriquant, avec la biologie, des alternatives aux matériaux industriels les plus polluants. Nous nous intéresserons ici aux scientifiques et aux designers, professionnels comme amateurs, qui travaillent à élaborer des matériaux « vivants » et biodégradables à l’aide de microorganismes. Parmi ceux-ci, certaines bactéries ou encore le mycélium, la partie végétative du champignon, représentent des partenaires de choix aux promesses d’applications variées.
Ces pratiques en sont majoritairement au stade expérimental, car produire des matériaux qui soient utilisables et, à terme, commercialisables nécessite une certaine standardisation des procédés afin de canaliser les manières qu’ont les organismes de se développer. Ce travail implique de l’incertitude quant aux conditions (humidité, température, contaminations éventuelles, etc.) qui influent sur les qualités du matériau que l’on fait pousser. Il s’agit de limiter les possibilités de prolifération, tout en maintenant que c’est ce caractère vivant et donc cette même capacité de prolifération, avec les surprises qu’elle réserve, qui est appréciée et recherchée dans ces partenariats avec les microorganismes.
Dans cette communication, on s’intéressera ainsi aux éléments qui, dans le rapport quotidien, stabilisent la perception même de ces êtres invisibles et la manière qu’ont les individus de les appréhender comme partenaires au sein d’un projet. Dans le même temps, l’attention sera portée sur la perception des produits eux-mêmes. Leurs qualités, parfois contre-intuitives par rapport aux matériaux traditionnels, doivent être considérées comme acceptables aussi bien pour les individus qui les élaborent que pour les futurs utilisateurs, dont les réactions sont à anticiper. On s’interrogera ainsi sur comment les instruments scientifiques, les recettes et l’organisation de l’espace et des façons de faire au sein des laboratoires affectent les manières de composer (avec) ces matériaux, difficiles à saisir, qui poussent et qui se décomposent dans des environnements spécifiques.