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Abstract :
[fr] Pas une semaine ne s’écoule sans que n’éclate une nouvelle polémique sur les migrations : violences policières, voile dans l’espace public, discriminations, quotas, frontières… Dans la société, les discussions autour de l’asile et des migrations sont devenues tendues, polarisées et passionnelles, tandis que la parole raciste s’est libérée, relayée avec force par des éditorialistes identitaires. Collectivement, nous avons accepté de penser les migrations à partir des questions posées par l’extrême-droite, en utilisant son vocabulaire. Quant aux chercheurs, ils se sont retrouvés réduits à devoir dénoncer rumeurs et mensonges. Plusieurs fois j’ai accepté des plateaux de radio ou de télévision pour répondre à la question de savoir si l’immigration était une chance ou un fardeau, ou pour décortiquer le vrai du faux. Certains pensent qu’il faut fuir ce genre de débats. Je crois, au contraire, qu’il ne faut pas céder la place mais confronter simplement les discours à la réalité, sans angélisme ni faux-semblants.
Nos sociétés resteront malades de ces questions tant qu’elles se refuseront à les penser de manière sereine et rationnelle. C’est toute l’ambition de ce livre : montrer qu’il est possible de porter une parole apaisée et pragmatique sur ces sujets, en les éclairant de réflexions qui ne sont généralement pas convoquées. Les questions d’identité collective peuvent aussi être des enjeux qui nous rassemblent, plutôt que des clivages qui nous opposent. Après tout, on a tous un ami noir.