No document available.
Abstract :
[fr] Le 31 juillet 1923, le Parlement belge vota la loi sur la ‘flamandisation’ partielle de l’Université de l’État à Gand. Elle constitue le prélude au remplacement définitif du français par le néerlandais comme langue d’enseignement dans cette université, sept ans plus tard, en 1930. Cent ans après l’indépendance de la Belgique, la majorité néerlandophone obtenait enfin un établissement d’enseignement supérieur dans sa langue. Les étudiants de l’autre Université de l’État, Liège, en Wallonie, n’étaient a priori pas concernés par ce conflit, qui se déroulait dans l’autre région linguistique. Pourtant, ils opposèrent, entre 1920 et 1923, une résistance des plus farouches et des plus violentes à ce projet de ‘flamandisation de Gand’. Comment expliquer cette mobilisation ? Dans cette communication, nous analyserons leurs discours et leur répertoire d’actions, afin de comprendre les motivations sous-jacentes à cet engagement pour ‘Gand-français’. Pour ce faire, nous nous appuierons sur la presse étudiante, sur les publications, tracts et affiches militants, sur les archives de l’Université de Liège et des cercles estudiantins, ainsi que sur la correspondance du consul de France à Liège. Nous montrerons la vivacité de la culture de guerre, ainsi que les formes hybrides et contradictoires de nationalisme qu’elle suscite chez ces étudiants wallons, partagés entre fidélité à la Belgique et allégeance à la civilisation française. Nous observerons aussi comment, dans leurs discours et leurs actions, ces jeunes gens affirment l’existence d’une solidarité corporative entre tous les étudiants belges, voire même entre tous les ‘intellectuels’. Cette idée de solidarité corporative nous permettra enfin de proposer l’hypothèse selon laquelle l’affrontement autour de l’Université de Gand s’apparentait moins à un conflit entre Flamands et Wallons qu’à un conflit entre groupes sociaux.
Event name :
La vie quotidienne des étudiant(e)s : conditions de vie et de travail, loisirs, engagements (XIXe XXe siècles). Vulnérabilités, intégration, ruptures