No document available.
Abstract :
[fr] Premier secrétaire général puis deuxième président du Conseil international des monuments et des sites, expert reconnu de l’Unesco, co-auteur de plusieurs documents doctrinaux internationaux dans le domaine de la conservation du patrimoine bâti, dont la Charte de Venise (1964) et le Document de Nara (1994), Raymond M. Lemaire (1921-1997) doit les débuts de sa brillante carrière à une tradition familiale. Deuxième enfant d’une fratrie qui en comptera neuf, il a pour père Herman Lemaire, né en 1883, architecte au ministère des Travaux publics, en charge de la restauration de monuments importants tels que l’ancien palais des Princes-évêques de Liège ou l’abbaye d’Aulne, où le jeune Raymond passe plusieurs étés durant son enfance. Mais c’est surtout son oncle, Raymond Albert Ghislain Lemaire (1880-1954), ordonné prêtre en 1901, archéologue et professeur à l’Université de Louvain, qui lui met le pied à l’étrier. Spécialiste de l’architecture romane, il ouvre à son neveu les portes du Commissariat général à la Restauration du Pays, où, encore étudiant, il a l’occasion d’acquérir une première expérience de terrain, et le guide dans la réalisation de sa thèse de doctorat, qui se situe dans le sillage de ses propres recherche. Mais surtout, auteur, dans l’entre-deux-guerre, de La Restauration des monuments anciens, où il propose, face à la diversité des points de vue observés dans le contexte de la Reconstruction, une approche inspirée des valeurs développées par A. Riegl au début du siècle, le chanoine inspire les premiers principes de restauration développés par son neveu, qui lui succède non seulement à l’université et auprès de la Commission royale des monuments et sites mais aussi, dans le suivi de plusieurs projets de restauration monumentale.
Au-delà du rôle joué par le chanoine R.A.G. Lemaire dans le lancement de la carrière de son neveu – qui n’est pas loin d’une forme de népotisme, assez répandue à l’époque – la présente contribution entend questioner la filiation spirituelle entre ces deux archéologues-restaurateurs. En effet, bien que le jeune Raymond semble, au début des années 1960 et au contact de la scène internationale – principalement française et italienne –, s’émanciper de l’héritage du chanoine, l’approche critique de ses écrits et projets révèle, à travers des décalages et anachronismes, ce que l’on peut interpréter comme des rémanences de sa formation familiale qui font de lui une figure complexe, entre pionnier et héritier.
Title :
Les Lemaire, des monuments au patrimoine: filiation, émancipation, rémanences