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Abstract :
[fr] (Extrait introduction) Je commencerai par expliquer en quelques mots la trajectoire de recherche qui m’a amenée à poser cette question apparemment absurde – et d’ailleurs vraiment absurde pour une part, ou je dirais au moins impossible : comment voient ceux qui ne voient pas ? Je voudrais vous faire voir ce que peut recouvrir cette question. Je pars d’un intérêt philosophique pour la théorie du visuel (appliquée au champ artistique), donc pour l’expérience du regard et la façon dont on peut décrire cette expérience avec des concepts. En quoi consiste l’expérience du regard quand celui-ci se pose sur des œuvres artistiques ? Je me suis intéressée à une méthode d’analyse des œuvres visuelles, l’iconologie, qui a pour vocation d’interpréter les œuvres – et spécifiquement les images – en dégageant en elles des niveaux de signification. Ce modèle théorique aborde donc le regard dans un sens particulier, que certains ont jugés trop étroit : le regard qu’on pose sur les œuvres aurait comme objectif prioritaire de discerner et d’analyser des éléments de sens, de dégager le sens des œuvres. Alors une des réserves qu’on pourrait avoir serait de dire : si on se concentre sur la seule signification, est-ce qu’il n’y a pas quelque chose qui échappe ? Ou pour le dire plus directement encore : est-ce que l’expérience qu’on fait d’une œuvre est une expérience strictement intellectuelle (auquel cas elle mérite une description et analyse des significations contenues dans les œuvres), ou bien est-ce que cette expérience est une expérience sensible (au sens de : qui engage l’exercice des cinq sens, ou qui engage des comportements sensoriels inédits) ? Et auquel cas – vous avez compris que c’est plutôt mon idée – la question devient : Comment élaborer une analyse de l’image qui ne néglige pas son caractère sensible – c’est-à-dire la manière dont l’image active l’expérience sensible et concrète du regard ?