Analyse de la relation entre la consommation habituelle d'alcool et les distorsions cognitives à propos de l'agression sexuelle au sein d'un échantillon d'adolescents des deux sexes

Le lien existant entre consommation excessive d’alcool et agressions sexuelles chez les jeunes fait l’objet d’un consensus dans la littérature scientifique. Le rôle des distorsions cognitives sur le développement de passages à l’acte et l’importance des stéréotypes sur la sexualité et le viol qui sous-tendent ces distorsions sont également établis. Au-delà de l’identification de ces facteurs, la façon dont ils interagissent, influencent le système interprétatif cognitivo-affectif et orientent le comportement du sujet mérite notre attention, particulièrement au sein d’un public adolescent en prise avec l’élaboration de ses représentations et confronté à ses premières expériences relationnelles et sexuelles.

L’étude a porté sur un échantillon de 218 sujets des deux sexes âgés entre 14 et 18 ans. Elle visait à analyser l’influence du degré habituel de consommation d’alcool sur la perception qu’a le sujet adolescent de l’agression sexuelle, de la légitimité de celle-ci et de la « responsabilité » de la personne. Un questionnaire de 48 items a été construit au départ de l’adaptation française de l ‘ « Alcohol Use Disorders Identification Test » pour l’évaluation du niveau de consommation, de différents items inspirés notamment de l’échelle d’acceptation du mythe du viol de l’Illinois (Rape Myth Acceptance). Le questionnaire interrogeait aussi l’existence d’éventuelles victimisations sexuelles passées.

Les réponses des participants ont permis de classer ces jeunes en consommateurs légers, modérés et élevés. Nous n’avons pas constaté de différences significatives entre les sexes au niveau de la consommation même si des tendances existent. Par contre, des résultats significatifs ont démontré auprès de ce public adolescent des deux sexes l’existence de stéréotypes et de distorsions à propos des femmes et de la sexualité. Les résultats ont aussi mis en lumière une affirmation de plus en plus forte de ces croyances selon l’augmentation des pratiques habituelles de consommation.

Dans une perspective sociocognitive, nous avons clôturé notre étude par la mise en perspective de ces constats avec le développement, dès le début de l’adolescence, d’une culture biaisée de la sexualité constitutive d’abus.