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Abstract :
[fr] Grands mélomanes et protecteurs de musiciens méconnus, les princes-cardinaux Alessandro d’Este (1568-1624) et Maurice de Savoie (1593-1657) occupent une place toute particulière dans le paysage culturel romain entre 1620 et 1627. En effet, ces prélats ont contribué à façonner la géographie urbaine, sociale et musicale de Rome à travers les espaces de sociabilité qu’ils ont créés ou fréquentés (palais, chapelles, églises, places, jardins ou encore villégiatures). Ces lieux étaient le théâtre d’une vaste activité musicale et culturelle grâce à laquelle se nouaient réseaux ecclésiastiques et réseaux séculiers dans un but d’affirmation politique, sociale et de l’identité nobiliaire. Ces cardinaux ont ainsi favorisé la production d’événements artistiques, miroirs de leur magnificence, ainsi qu’une circulation musicale singulière (musiciens, répertoires et styles musicaux, instruments de musique) entre leurs nations d’origine et la Ville éternelle.
La présente communication propose d’étudier les significations culturelles et sociopolitiques des pratiques musicales qui s’inscrivent dans l’espace urbain. Pratiques musicales que l’on peut comprendre en tant qu’expérience musicale collective insérée dans un dispositif politique. Notre hypothèse est que l’expérience musicale, plus que les autres arts, dépasse sa fonction ornementale, qu’elle est partie prenante et agissante dans le « Grand théâtre du monde ». Ainsi, cette approche, à l’intersection de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle, vise à penser l’histoire de la musique comme celle de l’influence sociale des évolutions des formes culturelles.