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Abstract :
[fr] On s'entend à reconnaître que le théâtre constitue « un phénomène social majeur, enraciné dans la trame de l’existence collective" (Charles Mazouer, 2016). Au Moyen Âge, plus encore qu'à toutes les époques, c'est toute la communauté qui prend en charge son organisation. Il est donc fondamental que l’étude du théâtre médiéval s’opère en étroite conjonction avec celle du contexte historico-social dans lequel ce phénomène s’insère. L’une des manières de mener l’enquête est de voir comment l’agenda des spectacles s’articule au calendrier des activités spirituelles ou temporelles, des fêtes religieuses ou civiles, cycliques ou occasionnelles, bref des dates importantes qui scandent la vie de la communauté. Une des difficultés d'un tel travail tient aux lacunes ou à l'imprécision de la documentation (archives, registres des délibérations des consuls, comptes de dépenses etc) quant à la chronologie des spectacles (on enregistre les années et éventuellement les mois, plus rarement les jours). Sur la base des informations parvenues jusqu'à nous, la communication envisage la manière dont le théâtre religieux (drames liturgiques, Passions, Vies de saints) s'articule au calendrier du culte. On pourrait s’attendre à ce que la représentation des mystères ou des miracles se conforme à une chronologie précise, marquée par une association cohérente entre les dates rituelles et le thème mis en scène, comme c’était le cas pour beaucoup de drames liturgiques. On observe toutefois une grande souplesse tant dans les dates retenues que dans le choix des thèmes. Si des coïncidences avec les fêtes chrétiennes existent bel et bien, les Mystères de la Passion se donnaient bien en dehors du cycle de Pâques, les scènes de la Nativité revivaient parfois en plein été, et les vies des saints étaient loin d'être actualisées à leur anniversaire. Pâques et surtout la Pentecôte se confirment comme des moments importants de l'activité dramatique, dont la saison court essentiellement de la mi-mars à octobre quand elle s'opère en milieu urbain, où elle a lieu le plus souvent en plein air. A partir du XIIIe, les pièces jouées en hiver (surtout pour Noël, l'Epiphanie, la Saint-Eloi…) relèvent souvent de l'activité de confréries (on a ici laissé de côté les manifestations liées au Carnaval). Quelques autres représentations religieuses organisées en ville s'écartent encore d'un calendrier majoritairement estival: elles tiennent le plus souvent aux aléas de l'agenda des entrées royales.