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Conference given outside the academic context (Diverse speeches and writings)
Conférence-rencontre Philostory. Autour du Triomphe de l'Amour de Marivaux
Dubouclez, Olivier; Hagelstein, Maud
2018
 

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Keywords :
Marivaux; Triomphe de l'amour; Amour; Philosophie; Violence; Langage
Abstract :
[fr] On pourrait identifier trois problèmes/axes dans la représentation de l’amour par Marivaux : 1. Amour et physionomie : on est marqué par la manière dont le jugement sur les autres individus (en général) mais aussi le sentiment amoureux (en particulier) s’appuie sur la physionomie. La physionomie c’est quoi ? : l’art de déterminer le caractère d’un homme d’après la conformation extérieure ou les traits de son visage. Marivaux fait donc comme si l’image extérieure était le reflet direct de l’âme. Comme si la bonté, la noblesse, le courage, etc. pouvaient se saisir d’un seul coup d’œil, se lire sur les visages et dans les attitudes corporelles. Hermidas à propos d’Arlequin : « la physionomie de ce garçon-là ne m’aura point trompée. Assurément il est traitable ». Agis à Phocion : « vous êtes d’une physionomie qui annonce les égards qu’on vous doit ». Phocion qui tente d’emballer Léontine : « C’est la seule physionomie du monde, où l’on voie les grâces les plus tendres s’allier, sans y rien perdre, à l’air le plus imposant, le plus modeste, et peut-être le plus austère ! » (c’est très drôle cette réplique). Mais donc aussi : on dirait qu’il suffit de voir pour aimer (pas seulement une apparence physique, mais à travers elle le caractère ou l’âme). Et en même temps, ces jugements qui semblent s’appuyer sur la physionomie sont aussi fragiles, incertains et trompeurs. C’est bien l’image qui nous trompe : celle de l’être aimé qui n’est pas toujours ce qu’on croit (cf. duplicité du genre de Léonide-Phocion-Aspasie / on devrait même dire triplicité, pour autant que le mot existe). Puis il y a l’image-portrait qui constitue le piège dans lequel tombent Hermocrate et Léontine. Je voudrais savoir ce que vous en pensez (de l’importance de ce thème) – et peut-être apprendre des comédiens comment vous avez travaillé ce rapport à la physionomie ou à l’image dans votre jeu (vos personnages ont des physionomies très typées et très différentes par ailleurs). 2. Amour et surprise : si on se demande à quel type de temporalité obéit le sentiment amoureux chez Marivaux, on se dit que la surprise est la structure temporelle de base. On tombe amoureux sans s’y attendre, très vite, on est saisi/pris par l’amour - et c’est en général une surprise pour tout le monde (ou non). Le cœur est surpris par l’amour. Une surprise qui parfois force celui qu’elle saisit à se transformer radicalement. (Marivaux a d’ailleurs écrit une comédie en 3 actes qui s’intitule Surprise de l’amour.) Les personnages qui résistent à l’amour refusent de se laisser surprendre, Léontine à Phocion : « Ah ! Phocion, vous aimez la vertu, dites-vous ; est-ce l’aimer que de venir la surprendre ? ». Phocion cherche à provoquer cette surprise (chez Agis) : « celui que je cherche est plus difficile à surprendre ». Hermocrate lui-même à propos d’Aspasie : « Si vous saviez au reste avec quel excès d’amour, avec quelle industrie de passion on est venu me surprendre ». Bon. Et en même temps, il y a de l’industrie, il y a de la stratégie (Léonide part à l’amour comme à la guerre), et dans la stratégie un certaine endurance (ça ne fonctionne pas, ou pas tout de suite, il faut revenir, etc. – et il y a de la résistance, des obstacles/préjugés qu’il faut lever). C’est-à-dire que le langage de Marivaux, la langue de Marivaux, c’est la conversation (et avec la conversation, on semble être plutôt dans la durée et l’acharnement que dans la surprise). Comment ces mouvements peuvent s’articuler ? 3. Amour et raison : on ne peut qu’être frappé par ce thème, décliné dans le texte en différentes variations, surtout au départ du personnage d’Hermocrate, et de son mode de vie établi en dehors de la tentation de l’amour, de son projet – philosophique – d’austérité affective. Il dit de lui-même : « vous attaquez une âme solitaire et sauvage, à qui l’amour est étranger ». Arlequin dit de lui qu’il manifeste une sagesse « incivile pour l’amour ». C’est la raison qui lui défend de se laisser surprendre par le sentiment amoureux. Il ne veut pas s’y exposer.
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Dubouclez, Olivier ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Histoire de la philosophie moderne
Hagelstein, Maud ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Esthétiques phénoménologiques et esth. de la différence
Language :
French
Title :
Conférence-rencontre Philostory. Autour du Triomphe de l'Amour de Marivaux
Publication date :
24 October 2018
Event name :
PHILOSTORY
Event organizer :
Théâtre de Liège / Maud Hagelstein
Event date :
24 octobre 2018
Funders :
Théâtre de Liège
Commentary :
PHILOSTORY Autour du spectacle mis en scène par Denis Podalydès (Théâtre des Bouffes du Nord) : « Le Triomphe de l’amour » (Marivaux) Avec Olivier Dubouclez, Edwige Baily, Dominique Parent Selon les représentations communes, les philosophes passent leur temps dans les livres. Et ce n’est pas faux : elles/ils apprennent en premier lieu à lire les textes, à s’y rapporter, à dégager leurs enjeux, à les mettre en relief, à faire ressortir les problèmes qui s’y nichent. Quand elles/ils vont au théâtre, il ne s’agit plus de se cacher derrière les textes, mais de se confronter à des corps dans l’espace, à des situations, à des expériences, à des enjeux incarnés. La saison 2018-2019 sera l’occasion de relever le défi encore une fois et d’essayer de construire sur le plateau, dans un dialogue serré avec les artistes, un regard philosophique inédit. Les spectacles de cette nouvelle saison nous mèneront sur le terrain du désir : désir de l’autre, désir de pureté, désir de fuite, désir de connaissance, désir de pouvoir. Dans Le Triomphe de l’amour, Marivaux analyse le désir amoureux sous un angle à la fois féroce et drôle. L’amour s’y présente comme une arme (et même une puissance politique), mais aussi comme une faiblesse, en particulier pour le philosophe qui a le projet – austère et raisonné – de s’en préserver. Le problème de l’amour sera tout à la fois dans cette pièce celui de la duplicité, de la cruauté, de la fausseté (imposture), de la stratégie et du travestissement. Ce mercredi 24 octobre, à l’issue du spectacle « Le Triomphe de l’amour », débat sur plateau animé par Maud Hagelstein avec Olivier Dubouclez (philosophe), Edwige Baily (comédienne : Hermidas), Dominique Parent (comédien : Dimas). « Dans un certain éclat d’esprit, apparemment enjoué, s’entend une effroyable violence du cœur. L’homme ou la femme qui aime est un redoutable prédateur, avide du sang aimé. Les règles sociales, la bienséance parviennent à contenir la bête, mais alors celle-ci se cabre, lutte, se débat. Le Triomphe de l’Amour est un saccage, une hécatombe. Le langage est le champ de bataille, le langage la fait enrager en voulant lui donner forme et vie raisonnables, le langage la nourrit et décuple ses forces. L’homme ou la femme qui aime se transforme en monstre, séduit et fait peur, bouleverse, affole, laisse les amants exsangues. (…) On comprend que certains grands personnages de Marivaux, soucieux de paix, de bienveillance, de lettres aussi, renoncent délibérément à l’amour, s’en écartent, fondent une petite société à part de ses dangers et de ses charmes. J’aime la figure du philosophe à l’écart. Hermocrate a constitué une petite société organisée philosophiquement selon ses principes. On y jardine, on y fait de la musique, on y lit, on y boit et mange, mais on n’y aime point. L’Utopie d’Hermocrate tient à ce renoncement. L’harmonie règne au prix d’une mutilation ». (Denis Podalydès)
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since 26 October 2018

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