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Abstract :
[fr] Je parle ici à partir d’un souvenir (un souvenir de lecture qui remonte à l’enfance), et à partir d’un expérience d’adulte (redécouverte du texte + lecture de Les Malheurs de Sophie à mes enfants) qui m’a permis de mieux mesurer l’intensité de ce souvenir. Je parle donc à partir de quelque chose qui m’a attirée autrefois dans le personnage de Sophie, et que j’ai voulu essayer de comprendre aujourd’hui. (Le Séminaire de l’imaginaire a pour objectif de donner envie de lire / ici j’espère donner envie de relire aujourd’hui ce qu’on avait découvert autrefois). Et au-delà de Sophie, ou derrière elle, ou devant elle, il y a la Comtesse de Ségur – et j’aime le caractère contrasté/paradoxal de ce qui nous lie à elle : tout le monde la connait, personne ne lui échappe, et en même temps peu de gens savent qui elle était (elle reste, en tant que femme-écrivain, en tant qu’autrice, relativement méconnue). Très souvent on l’a adorée, et en même temps on a un peu honte de l’avoir adorée. Pourquoi ? Pour la raison qu’elle est un symbole de l’aristocratie française, du paternalisme, du conservatisme, du moralisme. Ce n’est pas que j’aime les causes désespérées, mais j’ai l’intuition qu’on se contente trop vite de cette image.
Sophie de Réan est un personnage de la Comtesse de Ségur qui apparait dans trois romans de la trilogie de Fleurville : Les Malheurs de Sophie (février 1859), Les Petites Filles modèles (mai 1858), et Les Vacances (novembre 1859) – donnés ici dans la chronologie interne du récit plutôt que dans l’ordre d’écriture, puisque la Comtesse de Ségur commence en réalité la rédaction de la trilogie par Les Petites Filles modèles. Je me consacrerai ici essentiellement aux Malheurs de Sophie puisqu’ils contribuent à dessiner durablement le personnage (mais aussi parce que ce livre permet de plonger dans une autre version de la Comtesse de Ségur).