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Abstract :
[fr] Les violences conjugales occupent une place particulière parmi les contentieux soumis à la régulation judiciaire. Sans être réellement absentes du flux des affaires renvoyées jusqu’alors vers la justice pénale, ce n’est qu’au terme d’un long processus historique entamé au cours des années 1970 que les violences conjugales sont progressivement sorties de l’invisibilité et de l’arbitraire de la sphère privée, ont été mises à l’agenda politique de nombreuses démocraties occidentales, et ont été ainsi, dans ce contexte, explicitement inscrites dans les priorités de politique criminelle. Dans ce processus, la mobilisation féministe a eu un rôle déterminant : la différence de genre a ainsi d’emblée structuré ce champ et a puissamment pesé sur la construction des politiques publiques durant les dernières décennies.
Dans cette grille de lecture, la violence conjugale est définie comme un symptôme des rapports structurels d’oppression de genre. Parallèlement, même si la question de la pénalisation divise les féministes, et que ses conséquences sont effectivement débattues et critiquées au sein de leurs associations leurs combats ont indéniablement favorisé une criminalisation accrue des violences conjugales, dans laquelle triomphe la victimisation du féminin et la pénalisation du masculin.
L’objectif de cette communication sera d’identifier les possibles écueils de positionnements contrastés, consistant pour l’un à réduire la lecture au seul paradigme de genre, et pour l’autre à s’en défaire totalement. Cet examen se fera principalement au regard des résultats d’une recherche portant sur le suivi d’une cohorte de près de 40.000 prévenus signalés aux parquets belges pour au moins un fait de violence conjugale durant l’année 2010, et de la mise en perspective de ces résultats avec ceux ressortant d’une enquête en population générale réalisée en Belgique à la même période.