No document available.
Commentary :
Cette proposition s’inscrit dans une recherche en cours sur le « style potache », qui, à travers l’analyse d’une posture singulière, entend contribuer au chantier visant la construction critique d’une stylistique de l’existence récemment ouvert par Marielle Macé (2016). On associe volontiers l’expression potache, issue du contexte scolaire, à un ensemble de pratiques bouffonnes et peu offensives (de la parodie aux farces et attrapes), lesquelles définissent par métonymie une manière d’être au monde. La présente intervention visera à questionner les composantes et les manifestations du style potache dans le contexte de mai 68, en tentant d’en mesurer les enjeux et les effets. En confrontant les formes de l’opposition potache telles qu’elles se déploient dans le récit (Un an après d’Anne Wiazemsky, Le Tourniquet des innocents de Roger Ikor ou Le Pouvoir des fleurs de Jean-Marie Laclavetine) et un corpus de traces perceptibles (photographies, slogans, détournements d’affiches publicitaires ), nous chercherons à mettre en lumière les fondements de ce que Bourdieu appelait « le rire de mai ». Dans cette perspective, nous privilégierons une focalisation sur les modes de fonctionnement (formes, gestes, manières – de la reprise de chansons communardes à la parodie) et les supports de la potacherie (c’est-à-dire les moyens de sa mise en œuvre – de la parole publique à l’affiche, du tract à la performance) pour observer la façon dont elle participe au développement original d’un « espace public oppositionnel » (Oskar Negt). Il s’agira également de se demander dans quelle mesure l’envers potache de mai 68 a contribué à une redéfinition d’une logique contestataire désormais énonçable au second degré et diffractée dans des zones discursives variées (presse, cinéma, littérature).