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Abstract :
[fr] Dans l’Italie du XVIe siècle, le genre polyphonique profane appelé « madrigal » gagne au fil des décennies une popularité croissante. Dans un premier temps, son succès doit beaucoup aux oltremontani émigrés en Italie tels Jacques Arcadelt, Adrian Willaert ou Cipriano De Rore. Le madrigal devient ensuite un véritable laboratoire musical et poétique, essentiellement italien, ouvert aux expérimentations les plus maniéristes auxquelles s’adonnent Luca Marenzio, Carlo Gesualdo et Claudio Monteverdi. A partir des années 1550, un nouveau centre du madrigal prend progressivement place dans le Nord, et plus particulièrement à Anvers où les rééditions de compositeurs italiens côtoient une production plus locale. Les imprimeurs Pierre Phalèse et Jean Bellère remportent en particulier un certain succès en publiant plusieurs anthologies de madrigaux mêlant compositeurs italiens et locaux et dédiant ensuite des publications individuelles à des compositeurs autochtones parmi lesquels figurent Jean de Turnhout, Jean Desquesnes ou Cornelis Verdonck.
Pour appréhender le phénomène du déclin de la polyphonie au profit de la monodie - qui gagne nos régions certes moins vite que l’Italie - le madrigal offre quelques clés de compréhension. A travers quelques exemples, il s’agira lors de cette communication d’investiguer le corpus madrigalesque du Nord comme laboratoire de la transition entre la prima pratica et la seconda pratica. A la lumière de cette analyse, il conviendra aussi d’interroger le postulat – encore vivace – hérité d’Alfred Einstein selon lequel la production madrigalesque des musiciens flamands après Cipriano de Rore et Roland de Lassus revêt un caractère archaïsant. Cette communication sera donc l’occasion d’une première réévaluation des transferts et des échanges que le genre a engendré sous la plume des compositeurs issus des anciens Pays-Bas.