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Unpublished conference/Abstract (Scientific congresses and symposiums)
Paysage sans paysan (Gilles Clément / Yannick Ogor)
Hagelstein, Maud; Janvier, Antoine
2017Agir dans la ville. Art et politique dans l'espace urbain 3. (Du quotidien)
 

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Keywords :
paysage; Gilles Clément; Tiers-paysage; paysan; jardinier; écologie
Abstract :
[en] Today, there is a widespread interest in agricultural (or horticultural) experiments in urban areas: collective gardens, attempts at self-management, mobile vegetable gardens, plots delimited by reclaimed pallets, occupation of wasteland, revitalization of neighbourhoods around urban farms, management by local communities, sharing economy, contact with old practices, forgotten vegetables, protected species, etc. One can only be seduced by what appears first in its alternative dimension (in its ecological and political alternative dimension): another form of exchange, another relationship with plant life, another modality of the collective - which transform everyday life. Based on this observation, we would like to propose a reading of the works and ideas developed by the landscape architect (also an artist) Gilles Clément - whose interest and success seem a priori linked to the extension of these experiences in cities. Clément raises an important question: what relationship to the environment can we still build/imagine, it being understood that it is now untenable - in a situation of anthropocene, that is to say: in a situation of resource depletion and irreversible negative impact on the environment - to continue to engage in a relationship of strict and shameless exploitation of nature, but that we cannot be satisfied with ecological purism and the solution of building reserves, enclosures or islets where diversity would in some way be preserved. In several of his texts (Manifeste du Tiers-paysage, L’alternative ambiante, Toujours la vie invente, Où en est l’herbe ?, etc.), Gilles Clément shows that nature resists both its exploitation and its "preservation", as it is dynamic/moving and inventive: it finds its best land not in the countryside or in parks but in what he calls the third landscape: on urban neglected areas, those places where human activity is not non-existent but where it is apparently suspended (motorway curbs, railway sidelines, abandoned former industrial land, slag heaps, forest edges, steep slopes, river banks, etc.)). So places that are not (or no longer) maintained (even if they border the traces of human activity), and which become very precious refuges for biodiversity (botany, entomology, etc.). Cities therefore clearly play a very important role - in Clément's case - in the construction of his theory of the abandoned (a theory to which we would like to give another dimension in our conclusion). Gilles Clément therefore advocates in his texts inspiring ideas that appeal to the greatest number of people (including those who, like us, hear nothing about gardening): respect for the rhythm / cadence specific to plants, minimizing the constraints placed on their free growth, legitimizing their circulation within what he calls "the planetary garden", the "non-commercial" use of biodiversity, etc. These ideas have now come a long way and have begun to integrate massively with current urban plans (each city is deploying its own small wasteland). But that is not exactly what interests us about him, or not only, and we would like to propose a different - slightly offbeat - reading of his ecological reflection. For us: by developing his ideas on the Third Landscape, by proposing an inventory of what he identifies as "involuntary art" forms, or by bringing a new conception of gardening, Clément puts the peasant question at the heart of environmental issues, i.e. makes it possible to think about ecological problems from the perspective of the peasant (or rather from the perspective of his disappearance). It allows this link despite the fact that it does not speak, or very little, of the peasant, but rather of the artist, the gardener, the gardener-artist. And we would like to explain here why we consider this operation to be decisive, and perhaps even urgent.
[fr] On observe aujourd’hui un engouement généralisé pour les expériences agricoles (ou horticoles) en milieu citadin : jardins collectifs, tentatives d’autogestion, potagers mobiles, parcelles délimitées par des palettes récupérées, occupation de terrains vagues, dynamisation des quartiers autour de fermes urbaines, gestion par les collectivités locales, économie de partage, contact avec des gestes anciens, des légumes oubliés, des espèces protégées, etc. On ne peut qu’être séduit par ce qui apparaît d’abord ou en tout cas qui se présente d’abord dans sa dimension alternative (dans sa dimension écologique et politique alternative) : autre forme d’échange, autre rapport à la vie végétale, autre modalité du collectif – qui transforment le quotidien. À partir de ce constat, on voudrait proposer une lecture des travaux et des idées développées par le jardinier-paysagiste (artiste aussi) Gilles Clément – dont l’intérêt et le succès semblent a priori liés à l’extension de ces expériences dans les villes. Clément permet de poser une question importante : quel rapport à l’environnement peut-on encore construire/imaginer, étant entendu qu’il est désormais intenable – en situation d’anthropocène : en situation d’usure des ressources et d’impact négatif irréversible sur l’environnement – de continuer à s’engager dans un rapport de stricte exploitation sans vergogne de la nature, mais qu’on ne peut pas non plus se contenter du purisme écologique et de la solution qui consisterait à constituer des réserves, des enclos ou des ilots préservés où la diversité serait en quelque sorte parquée. Dans plusieurs de ses textes (Manifeste du Tiers-paysage, L’alternative ambiante, Toujours la vie invente, Où en est l’herbe ?, etc.), Gilles Clément montre que la nature résiste à la fois à son exploitation et à sa « préservation », en tant qu’elle est dynamique/mouvante et inventive : elle trouve d’ailleurs son meilleur terrain non pas dans la campagne ou dans les parcs mais dans ce qu’il appelle le tiers-paysage : sur les friches et les délaissés urbains, ces endroits où l’activité humaine n’est pas inexistante mais où elle est apparemment suspendue (bordures d’autoroutes, contre-bas de chemins de fer, anciens terrains industriels abandonnés, terrils, lisières des bois, pentes trop raides, berges des rivières, etc.). Donc des endroits qui ne sont pas ou qui ne sont plus entretenus (même s’ils bordent ou s’ils portent les traces criantes de l’activité humaine), et qui deviennent des refuges très précieux pour la biodiversité (botanique, entomologique, etc.). Les villes jouent donc manifestement un rôle très important – chez Clément – dans la construction de sa théorie des délaissés (théorie à laquelle on voudrait donner une autre dimension dans notre conclusion). Gilles Clément prône donc dans ses textes des idées enthousiasmantes, et qui séduisent d’ailleurs le plus grand nombre (y compris ceux qui comme nous n’entendent rien au jardinage) : le respect du rythme / de la cadence propres aux plantes, la minimisation des contraintes portées sur leur libre croissance, la légitimation de leur circulation au sein de ce qu’il appelle « le jardin planétaire », l’usage « non commerçant » de la biodiversité, etc. Ces idées ont aujourd’hui fait du chemin ; elles ont d’ailleurs commencé à intégrer massivement les plans d’urbanisme actuels (chaque ville déploie sa petite friche). Mais ce n’est pas exactement ce qui nous intéresse chez lui, ou pas seulement, et on voudrait proposer une lecture autre – légèrement décalée – de sa réflexion écologique. Pour nous : en développant ses idées sur le Tiers-paysage, en proposant un inventaire de ce qu’il repère comme des formes d’« art involontaire », ou en portant une conception inédite du jardinage, Clément met au cœur des questions d’environnement la question paysanne, c’est-à-dire permet de penser les problèmes écologiques au départ de la figure du paysan (ou plutôt au départ de sa disparition). Il permet ce lien en dépit du fait qu’il ne parle pas, ou très peu, du paysan, mais plutôt de l’artiste, du jardiner, du jardiner-artiste. Et on voudrait expliquer ici pourquoi cette opération est à nos yeux décisive, et peut-être même urgente.
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Hagelstein, Maud ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Esthétiques phénoménologiques et esth. de la différence
Janvier, Antoine ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Département de philosophie
Language :
French
Title :
Paysage sans paysan (Gilles Clément / Yannick Ogor)
Publication date :
19 December 2017
Event name :
Agir dans la ville. Art et politique dans l'espace urbain 3. (Du quotidien)
Event date :
du 18 décembre 2017 au 20 décembre 2017
By request :
Yes
Audience :
International
Available on ORBi :
since 10 January 2018

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