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Abstract :
[fr] S’il est possible d’établir un lien entre les manifestations littéraires de l’utopie sociale du XIXe siècle et la tradition de l’utopie narrative d’Ancien Régime, c’est généralement en rapprochant les deux corpus sur la base de la conception du bonheur en société, bonheur qui serait tantôt chimérique, tantôt accessible, tantôt déjà perdu. Ce même critère, avec tous les idéaux de réussite et de progrès dont il est porteur, est invoqué pour distinguer les récits d’utopie réalisée de ceux qui relèveraient de son envers : anti-utopie, contre-utopie ou dystopie. La communication propose de clarifier ces terminologies récurrentes et d’insister sur la rupture de constitue au contraire le contexte du XIXe siècle. Pour ce faire, elle s’appuiera sur une définition du récit de monde possible étendue aux dimensions narratives et fictionnelles telles qu’elles sont déterminées par les contraintes médiatiques, c’est-à-dire par les supports, les dispositifs de diffusion et les cadres de réception. À travers un corpus contrasté incluant les romans (Souvestre, Le Monde tel qu’il sera), les récits de presse (séries caricaturales de Robida), les traités politiques ou hygiénistes (Moilin, Paris en l’an 2000) et les productions populaires et de jeunesse (Verne, Paris au XXe siècle), l’étude tentera de déterminer les spécificités médiatiques de la dystopie au XIXe siècle, dont la généricité est éminemment tributaire de ces paramètres matériels et discursifs. Aux critères généralement tenus pour structurants du récit utopique, tels que le point de vue narratif, la vraisemblance, les procédés démonstratifs et la situation cognitive des personnages par rapport au monde représenté, il s’agira donc d’ajouter celui de la mise en circulation des œuvres dans le discours social, qui met en évidence la nécessaire négociation avec un horizon d’attente, perspective importante pour l’étude littéraire des utopies du XIXe siècle.