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Abstract :
[fr] Le regard de l’Homme est-il vraiment objectif quand il s’agit des animaux ? Quels sont tous les pièges qu’il doit surmonter pour vraiment tenir compte de la vraie nature des animaux ?
Où se situer entre naturalisme et anthropomorphisme, entre amour et bestialité, entre empathie et froideur ?
La rencontre avec un animal a cette particularité de nous mettre en présence d’un être qui est radicalement différent de nous dans son apparence et son comportement, mais qui en même temps nous est apparenté à certains égards, et donc possède certaines structures communes avec nous. Dans la rencontre avec un animal on trouve un jeu entre identité et altérité, et c’est en fait là que tout se joue : l’anthropomorphisme, l’empathie, l’amour, la froideur et l’objectivité.
Du fait de cette altérité radicale, la réalité animale fait obstacle ; elle est difficile à appréhender car trop différente de nos propres structures (mentales, comportementales, psychiques et sociales). Du coup, la rencontre ne peut se faire que dans ce que le psychanalyste anglais Donald Winnicot a appelé l’espace intermédiaire. Dans cet espace intermédiaire, qui est aussi celui du jeu et du travail scientifique créatif, on ne peut séparer ce qui, dans la perception de l’objet, provient de la réalité objective de ce qui relève de la réalité intérieure. C’est pourquoi l’imaginaire (et donc l’illusion) est nécessairement impliqué dans la rencontre avec les animaux, et c’est pourquoi aussi les métaphores sont inévitables dans notre description du comportement animal (cf. Asquith, 1984). Eliminer toute subjectivité, c’est réduire la rencontre à une froide (voire cynique) manipulation de signaux.
Cela étant dit, comment faire la part entre le travail scientifique créatif et l’illusion ? Entre l’anthropomorphisme et l’empathie ? On peut identifier des conditions interactives qui favorisent plutôt l’anthropomorphisme ou l’empathie. Au contraire de l’illusion anthropomorphique, qui ne fait aucune place à l’altérité, l’empathie est une tentative toujours inachevée de saisir l’animal dans sa singularité. Elle s’accompagne d’un changement progressif dans les structures perceptives de l’observateur.