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Abstract :
[fr] Nous présentons dans cette contribution un projet collectif porté par le Service de Préhistoire de l’Université de Liège et l’équipe Ethnologie préhistorique de l'unité mixte de recherche du CNRS Archéologie et Sciences de l'Antiquité. Le projet « ECOPRAT » entend contribuer au renouvellement des connaissances relatives aux sociétés gravettiennes du Nord-Ouest européen, et prolonger ainsi la dynamique de recherche actuelle touchant ces sociétés (Bodu et al., 2013). Il s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire envisagée grâce à l’association d’études technologiques, tracéologiques et archéozoologiques.
Quatre sites majeurs du Nord-Ouest européen ont été retenus : les gisements de plein air de Maisières-Canal (Prov. Hainaut, Belgique) et d’Ormesson – Les Bossats (Seine-et-Marne, France), et les grottes de Goyet (Prov. Namur, Belgique) et du massif d’Arcy-sur-Cure (Yonne, France). Les sites sélectionnés possédant des historiques de recherche spécifiques, la stratégie d’analyse adoptée pour chacun d’eux est développée en adéquation avec l’état des connaissances actuelles. Les recherches sont ainsi guidées par l’obtention de données inédites qui doivent permettre, à terme :
1) une lecture renouvelée et croisée des industries lithiques et osseuses, ainsi que des ensembles fauniques et des matières colorantes découverts dans ces gisements,
2) un rééquilibrage quantitatif et qualitatif de l’intégration des différentes sources documentaires disponibles, la recherche s’étant davantage concentrée depuis plus d’un siècle sur les données de l’industrie lithique.
Les deux gisements de plein air réunissent les conditions indispensables au développement d’une approche interdisciplinaire permettant de croiser objets et méthodes d’étude, afin de proposer une lecture fine des comportements techniques et économiques des sociétés gravettiennes. A cet égard, cette contribution est l’occasion de présenter les premiers résultats obtenus sur le site de Maisières-Canal. Les recherches réalisées jusqu’à présent permettent de réévaluer l’importance de l’industrie sur matières dures d’origine animale, au sein de laquelle le travail de l’ivoire de mammouth se révèle particulièrement significatif. En outre, le corpus faunique traduit une exploitation récurrente du lièvre, ce type de comportement s’avérant singulier au regard de ce qui est habituellement documenté chez les sociétés du Gravettien.
Parmi les différentes activités susceptibles de laisser une trace archéologique, l’usage de matières colorantes apparaît particulièrement discret dans le cadre spatio-temporel considéré. Cet usage est cependant avéré dans les grottes d’Arcy-sur-Cure (grottes du Renne et du Trilobite), lesquelles permettront ainsi d’entreprendre une étude ciblée de ce phénomène. Enfin, les grottes de Goyet offrent la possibilité de contribuer à la connaissance de la séquence gravettienne du Nord-Ouest européen. Si le long historique des fouilles menées dans ces grottes, ainsi que les mélanges manifestes affectant les collections, ne permettent pas d’envisager une étude approfondie des comportements gravettiens, des observations préliminaires permettent en revanche de s’interroger sur le potentiel de ces sites pour la reconstitution de cette séquence. A l’instar de ce qu’ont montré les travaux récemment conduits sur le Gravettien de Spy (Pesesse & Flas, 2013), il est en effet vraisemblable que les grottes de Goyet aient été occupées à plusieurs moments de la période gravettienne.
BODU P., CHEHMANA L., KLARIC L., MEVEL L., SORIANO S., TEYSSANDIER N. (dir.), 2013. Le Paléolithique supérieur ancien de l’Europe du Nord-Ouest : réflexions et synthèses à partir d’un projet collectif de recherche sur le centre et le sud du Bassin parisien, Actes du colloque de Sens, 15-18 avril 2009. Paris : Société préhistorique française (Mémoires de la Société préhistorique française, 56), 516 p.
PESESSE D., FLAS D., 2013. Which Gravettians at Spy? In : ROUGIER H., SEMAL P. (eds), Spy Cave. 125 years of multidisciplinary research at the Betche-aux-Roches (Jemeppe-sur-Sambre, Province of Namur, Belgium). Volume I. Bruxelles : Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, Société royale belge d'Anthropologie et de Préhistoire, NESPOS Society (Anthropologica et Praehistorica, 123), pp. 257-268.