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Abstract :
[fr] Les femmes n’ont pas attendu le XXe siècle et l’accès aux formations professionnelles liées au bâtiment pour s’investir dans la création et l’entreprise architecturales. Peuvent en témoigner, les études françaises et surtout anglo-saxonnes qui – depuis une vingtaine d’années – se sont penchées sur le patronage architectural féminin en Europe, ainsi qu’au Moyen Orient, au Moyen Age et aux Temps Modernes (cf. S. FROMMEL et J. DUMAS, Bâtir au féminin ?, Paris, Picard, 2013). Sous l’Ancien Régime, l’architecture n’a pas été l’apanage des seules dames de l’aristocratie et des épouses des puissants. Quel que soit leur projet spirituel (charité, soin aux malades, enseignement, contemplation), les congrégations religieuses féminines ont été amenées elles aussi à s’intéresser à l’architecture, ne serait-ce que pour concevoir et édifier son propre cadre de vie, à la fois conforme aux besoins du groupe et adapté aux contraintes du terrain. Cette communication se penche plus particulièrement sur les ordres religieux féminins apparus dans le contexte de la Réforme catholique aux 16e et 17e siècles. Ces congrégations sont soumises à une double contrainte imposée par les autorités ecclésiastiques depuis le concile de Trente (1563) : vivre strictement cloîtrées tout en s’implantant en milieu urbain. Visitandines, annonciades célestes et bénédictines de la Paix Notre-Dame pour ne citer qu’elles sont à l’origine d’une volumineuse production écrite. Ces chroniques, récits de fondation ou encore biographies de religieuses sont encore peu exploités dans le champ de l’histoire de l’art. Pourtant, ils révèlent le rôle omniprésent des religieuses qui conçoivent des plans, gèrent l’approvisionnement des matériaux et parfois même, transportent des gravats. Conscientes des limites de leurs connaissances, il leur faut déléguer une grande part de l’entreprise aux professionnels de l’architecture. Les relations qu’elles nouent avec les architectes laïcs ou religieux font aussi l’objet d’une attention particulière dans le cadre de cette intervention.