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Abstract :
[fr] Cette communication montre non pas comment une historienne, Arlette Farge, pratique une recherche pluri ou transdisciplinaire « classique » (ce qui est aussi le cas) mais comment cette historienne mobilise des outils de savoir dont la valeur épistémique n’est pas évidente. L’historiographie fargienne repose sur un dispositif singulier qui associe deux pratiques de savoir, l’une scientifique et l’autre artistique ou plus exactement esthétique.
Chez Farge, le ténu, le tu et le rebut retiennent l’attention de l’historienne. Considérés comme de véritables événements, les actes et les paroles de peu viennent troubler l’historien et ses discours les plus convenus. Force est de reconnaître le dissensus, caractéristique fondamentale de l’histoire, et de réaliser, de facto, un récit de connaissance « non autoritaire ».
Ce qui autorise une telle démarche est l’émotion. Le plus souvent située du côté de l’objet étudié – le peuple – l’émotion, chez Farge, est inscrite, au contraire, du côté du chercheur, de l’historien. Et, loin d’être tenue à distance ou considérée comme instance fourbe et trompeuse, elle est, justement, ce qui garantit le savoir historien de tout excès ou erreur d’interprétation.
Encore faut-il en user en rigueur. Nos observations montrent comment : que ce soit dans Les fatigues de la guerre..., La chambre à deux lits... ou Le silence, le souffle, nous constatons que c’est l’image – le visuel – qui se fait l’opérateur d’une histoire sensible. En annihilant les frontières entre pratiques strictement scientifiques et démarches esthétiques, Farge réalise l’historiographie la plus exigeante qui soit : celle qui adopte les caractéristiques de son matériau.
Commentary :
Cette communication proposait de montrer comment la problématique de la transdisciplinarité, loin des consensus déclarés, peut être habitée autrement et véritablement mise en oeuvre dans le cadre d'une combinatoire de pratiques.