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Abstract :
[fr] Les récits de fondation élaborés par bon nombre de communautés religieuses féminines et souvent prolongés par des chroniques, annales et abrégés de vertus jusqu’à leur suppression offrent de riches possibilités d’analyses des questions relatives aux vocations et à la représentation que s’en font ou que veulent en donner celles et ceux qui en sont les auteurs. Loin de ne recenser que les itinéraires les plus « linéaires », quantité de textes évoquent les destins contrariés et les changements de cap et proposent leur propre interprétation des motifs qui ont justifié les demandes – d’entrée ou de sortie – des unes et les réponses – acceptation ou refus – des autres.
On se propose de prendre ici en compte des textes inédits produits par des religieuses contemplatives (annonciades, bernardines et bénédictines) dont les maisons se sont implantées ou réformées au XVIIe siècle en Franche-Comté, en Lorraine et aux Pays-Bas méridionaux – sur une « dorsale catholique » faisant face aux mondes protestants –, que l’on confrontera aux normes propres à leur institut et aux règlementations des pouvoirs civils et religieux des territoires concernés.
On tentera d’analyser tout d’abord comment s’énonce la vocation de femmes qui souhaitent, dans ce contexte particulier, défendre leur choix de vie contemplative face aux exigences ou aux objections des autorités compétentes. On suivra l’évolution de leur argumentation depuis le temps où elles tentent de développer leur institut jusqu’au moment où elles doivent en défendre les fondements en réponse aux projets de sécularisation ou de suppression.
On abordera ensuite la question des vocations individuelles en examinant comment les annalistes relatent et interprètent les motivations spirituelles mais aussi sociales et économiques des postulantes (et de leur entourage) et expliquent longuement les raisons des éventuels renvois ou sorties (aptitudes intellectuelles et physiques, traits de caractère, divergences de vue avec la communauté, pressions familiales...). On analysera les nombreuses protestations de fidélité aux règles des fondateurs concernant les conditions d’admission, mais aussi les justifications avancées par les intéressées quand il s’agit de les adapter ou d’y déroger. On examinera encore comment les autrices perçoivent la question des vocations forcées et critiquent la société qui en serait responsable. Enfin, on tentera de voir comment ces femmes réagissent face aux mesures prises par les autorités civiles pour surveiller et limiter leurs possibilités de recrutement.
Dans un troisième temps, on examinera brièvement quelques cas de demandes de sortie temporaire ou définitive (au départ d’une enquête documentaire plus vaste) dont on tentera de percevoir l’écho – réprobateur ou compréhensif – dans les récits de celles qui restent.
Event organizer :
Université de Limoges, Centre de Recherche Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie (CRIHAM)