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Abstract :
[fr] La Maison Aubert et l’esprit d’entreprise de Charles Philipon sont sous la Monarchie de Juillet à l’origine d’un réseau éditorial fructueux et protéiforme fondé sur la diversification des supports (livres, journaux, volumes de pittoresques et petits formats de la littérature panoramique), sur le commerce du produit dérivé (« Muséums », caricatures à la pièce, papiers peints) et sur l’exploitation de l’image pour vendre le texte. On sait que Philipon a lancé les carrières de plusieurs dessinateurs importants comme Daumier et Doré. On sait également qu’il a su attirer des collaborateurs de premier choix dans les équipes rédactionnelles de la petite presse satirique de la Caricature et du Charivari. Ces démarches et la production qui en a résulté ont contribué à fonder autour d’une écurie éditoriale une véritable marque de fabrique, sinon une esthétique. Mais ont-elles pour autant participé à l’émergence de figures d’auteurs ? Louis Huart, Taxile Delord, Edmond Texier, Albert Cler, Arnould Frémy, Maurice Alhoy, James Rousseau et bien d’autres sont demeurés des « petits », attachés aux dépôts de pittoresques et aux panthéons comiques. À travers le cas des productions Aubert, il ne s’agira pas d’examiner comment une figure d’auteur identifiable (de son temps et/ou par la postérité) investit ou bénéficie de la publicité, mais d’envisager la problématique complémentaire et en quelque sorte inverse : les modalités de constitution de la figure auctoriale dans un contexte, un réseau et des supports qui jouent d’emblée et pleinement le jeu publicitaire sous ses formes les plus abouties, s’appuyant sur les stratégies économiques et promotionnelles rendues possibles par l’ère médiatique. L’individualité auctoriale peut-elle prendre forme et statut au sein d’une collectivité prépondérante et ouvertement spéculatrice, celle du commerce de la librairie et de la presse fondé sur la collaboration, le transfert et l’interchangeabilité des identités au profit des fonctions socioprofessionnelles ? En d’autres termes, si l’auteur ne peut se faire un nom sans publicité, (comment) peut-il exister lorsque tout n’est que publicité ?