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Abstract :
[fr] Gérard du Frattre est une compilation épique contenue dans le manuscrit inédit Paris, BnF, fr. 12791, copié à Paris en 1525 par Jacques Le Gros. Cette œuvre rassemble trois réfections en prose de chansons de geste du XIIe siècle : Fierabras, la Chanson d’Aspremont et le Pèlerinage de Charlemagne. Bien que n’ayant jamais été imprimé, ce vaste ensemble est à l’origine de Gérard d’Euphrate de Jean Maugin, sorti des presses des éditeurs des Amadis en 1549, qui construit à rebours les enfances du héros Gérard et se présente comme le premier tome d’une série de six livres. Si les cinq volumes suivants n’ont jamais vu le jour, le contenu du manuscrit correspond à la suite de la narration de l’imprimé, ce qui pourrait suggérer un vaste projet éditorial avorté (Cooper, 2014). Dans un premier temps, cette intervention avait pour objectif de souligner l’apport de Gérard du Frattre à la question du découpage de la temporalité, ainsi que d’éprouver les premières pistes méthodologiques que ce texte hybride permet d’envisager et que nous souhaiterions aborder dans notre projet de thèse, qui consiste en l’édition et l’étude de l’œuvre. Ainsi, parallèlement à la pérennité de matières médiévales, la variation formelle — le passage à la prose puis à l’imprimé — reconfigure progressivement la structure et l’écriture du genre épique. Dans un second temps, c’est sur la question de la rupture engendrée par l’apparition de l’imprimerie que s’est centré notre exposé. La majorité des textes épiques popularisés par ce nouveau média est issue d’un corpus de mises en prose, dont le ms. Paris, BnF, fr. 12791 est l’un des derniers nés. La collation du chapitre initial de Gérard du Frattre avec celui de Gérard d’Euphrate nous a permis d’épingler quelques cas de rajeunissements stylistiques, et surtout de souligner la dépendance de l’imprimé au manuscrit et à la tradition épique antérieure, cela malgré la présentation typographique et iconographique adoptée par Gérard d’Euphrate, qui l’éloigne de la veine des « vieux romans » pour l’assimiler à celle des Amadis. Cet écart par rapport au « parcours classique » des épopées tardives suggère en outre un nouvel horizon d’attente et illustre de façon exemplaire la nature protéiforme du genre épique.
Event name :
Journées doctorales annuelles - "Temporalités : continuités, transitions, ruptures". Doktorandenseminar - "Zeitliche Kontinuitäten, Übergänge, Brüche"