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Abstract :
[fr] L’épissage alternatif est un processus qui concerne plus de 90% des pré-ARN messagers et qui contribue largement à la diversité protéique. Il est régulé par une série de facteurs d’épissage qui se lient sur des séquences situées sur les transcrits primaires. L’activité de ces facteurs d’épissage est régulée, entre autres, par divers signaux externes et voies de signalisation.
Les agents chimiothérapeutiques peuvent altérer la régulation de l’épissage et, ainsi, modifier la séquence d’un grand nombre d’ARN messagers et, éventuellement, la fonction des protéines qui en résultent. Cependant, l’implication de ces mécanismes dans la thérapie anticancéreuse demeure mal connue en termes d’efficacité thérapeutique, de diagnostic, de pronostic, de développement de résistances aux traitements et d’induction d’effets secondaires. L’objectif principal de cette étude est d’évaluer si la régulation de l’épissage par le cisplatine est critique pour son activité anticancéreuse.
L’analyse du transcriptome de cellules mammaires cancéreuses traitées avec du cisplatine a permis d’identifier de nombreuses altérations d’épissage induites par la chimiothérapie. Parmi les 700 évènements observés, un grand nombre touche des transcrits impliqués dans le cycle cellulaire et dans la régulation de l’épissage lui-même.
Bien que le cisplatine induise des dommages au niveau de l’ADN, nous avons exclu la participation des membres de la voie des dommages à l’ADN, tels que ATM, ATR, DNA-PK et p53, dans les altérations d’épissage induites par le cisplatine. Les PI3K de class I (p110) et la voie MEK/ERK sont , en revanche, requises.
L’utilisation d’une banque de plus de 50 siRNA ciblant des protéines se liant à l’ARN, en particulier des facteurs d’épissage, nous a permis d’évaluer l’implication de ces facteurs dans les modifications d’épissage observées après le traitement au cisplatine. Il est apparu que la réduction de l’expression de certains facteurs dont SF3A1, RBM39, U2AF1 et snRNP70 mime les effets du cisplatine. A l’inverse, l’inhibition de SRSF4 réprime ces effets.
Par co-immunoprécipitation, nous avons observé un lien physique entre le facteur de transcription c-Jun et les facteurs d’épissage SF3A1 et RBM39. Alors que cette liaison ne semble pas être affectée par le cisplatine, des modifications du statut de phosphorylation de c-Jun ont été observées après traitement au cisplatine. La déplétion de c-Jun et l’inhibition d’AP-1 corrigent en partie l’effet du cisplatine sur l’épissage, suggérant leur implication dans le processus.
Finalement, nous avons montré que la déplétion en SRSF4 réduit la mortalité cellulaire induite par le cisplatine, alors que la déplétion en SF3A1 et RBM39 l’augmente. Ces résultats montrent une corrélation entre épissage et mort cellulaire et suggèrent que la modulation de l’épissage pourrait être utilisée comme thérapie adjuvante afin d’augmenter l’efficacité de la chimiothérapie.