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Abstract :
[fr] Parmi les facteurs étiologiques du passage à l’acte sexuel, la clinque et de nombreuses études mettent en exergue l’expérience antérieure de victimisation sexuelle chez les auteurs d’infraction à caractère sexuel (AICS). Même si le taux de victimisation sexuelle chez les adolescents AICS est extrêmement variable d’une étude à l’autre, un vécu de victimisation, sans pour autant être le seul facteur étiologique, pourrait être considéré comme un des facteurs de risque dans une constellation plurifactorielle, et ce dans un contexte affectif et social particulier. La méta-analyse de Paolucci, Genuis et Violato (2001) révélait qu’un antécédent d’AS augmentait seulement de 8% le risque de perpétuer le cycle de victime à agresseur. Plutôt que de se centrer sur le débat portant sur les taux de prévalence existant, il nous a semblé intéressant de comprendre comment s’activent les dynamiques transmissives inter et intra-générationnelles. Le concept de cycle intergénérationnel, englobant toute forme de victimisation vécue dans l’enfance du parent et de l’enfant, a surtout été étudié chez l’enfant qui subit un abus sexuel ; notre exposé réactualisera ce concept dans le contexte de l’agression sexuelle commise par l’adolescent. Nous aborderons le cycle et la transmission de l’abus sexuel, d’une part au travers de la victimisation sexuelle d’un parent de l’adolescent commettant une agression sexuelle, et d’autre part, au travers d’un vécu de victimisation sexuelle par l’adolescent qui prend sens au niveau des agressions qu’il va commettre. C’est à partir de trois cas d’adolescent de 14 ans ayant commis des agressions sexuelles sur des enfants de jeune âge (en intra et/ou extrafamilial) que les dynamiques de transmission vont être décodées à partir d’hypothèses psycho-développementales et systémiques. Une première situation se caractérise par la levée du secret de la victimisation de la mère lors du dévoilement de l’agression sexuelle que son adolescent a commise, qui mène à envisager les dynamiques de trans-missions indirectes et de délégation par la mère, s’appuyant sur son incapacité à se connecter et à verbaliser son vécu d’abus et la rage associée, se révélant comme un des médiateurs du processus de transmission. La deuxième situation concerne un adolescent qui, tout comme sa sœur, a subi des abus sexuels par son père, et qui, à son tour, a commis de multiples abus sexuels sur sa sœur. Les dynamiques de transmission par répétition au travers du processus d’identification à l’agresseur et de légitimité destructrice seront développées. Une troisième situation d’un adolescent ayant subi des abus sexuels par un tiers extrafamilial et agissant à son tour à 14 ans des agressions sexuelles sur tous les enfants de la fratrie, nous permettra d’envisager le contexte psycho-affectif familial et de fratrie comme facilitateur de transmission intra-générationnelle. Ces trois situations illustreront la vulnérabilité de l’adolescent qui a été confronté directement ou indirectement dans son histoire personnelle et familiale à un vécu de victimisation, durant cette étape développementale qu’est l’adolescence caractérisée par des enjeux identitaires, relationnels et sexuels.