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Abstract :
[fr] Cette contribution à l’analyse sociologique du travail des directeurs de prison éclaire tout d’abord le fondement de ce métier : la gestion de la détention. Présentée comme "individualisée/individualisante" dans les discours politique, la gestion de la détention s'exerce toutefois dans des contextes de travail bureaucratisés (que l'on pense à la gestion du personnel, à la gestion logistique, à la gestion comptable ou à la gestion stratégique), composés de diverses scènes d’interaction (organisationnelle, politique, associative, administrative, judiciaire, interministérielle) et marqués par les « référentiels » (Muller, 2000) de judiciarisation et de managérialisation du secteur public.
L’étude du travail des directeurs de prison met ensuite en lumière trois mécanismes de régulation des établissements pénitentiaires : le pouvoir des [chefs] surveillants au centre d’une « régulation autonome » (Reynaud, 1988) ; la multi-dépendance inter-organisationnelle des prisons éprouvée quotidiennement par les directeurs au centre d’une « régulation croisée » (Crozier et Thoenig, 1975) ; l’articulation ponctuelle et « prudente » (Champy, 2012), par les directeurs, des contraintes et des opportunités inhérentes aux différentes scènes sur lesquelles ils interagissent.
L'analyse de certaines situations concrètes révèle enfin que le travail des directeurs n’est pas seulement technique (sur les plans juridiques et administratifs) mais aussi politique: il requiert une hiérarchisation des valeurs ou des finalités poursuivies dans leur activité.