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Abstract :
[fr] La période fin de siècle s’accompagne, dans le champ littéraire français, du développement d’une série de groupuscules plus ou moins organisés et volontiers potaches. Au cœur de ces associations liées de près ou de loin à ce qu’Ernest Raynaud qualifiera de « mêlée symboliste » (1920-1922), le rire fonctionne comme un véritable ciment social, renforçant les liens des membres de la collectivité et redoublant l’exclusion de ceux qui n’en sont pas. Héritiers d’entreprises collectives comme Le Parnassiculet contemporain (1866) et l’Album zutique (composé en 1871 et tenu délibérément à l’écart des circuits de diffusion du livre), les agents engageant les projets des Hydropathes, des Hirsutes, des Jemenfoutistes ou de l’incontournable cabaret du Chat Noir se rassemblent non seulement dans une perspective dérisoire, mais encore se dotent-ils d’un discours qui, plus qu’un simple divertissement, présente cette dérision comme principe régulant l’activité collective. Ce sont, à l’aune des cas susmentionnés, quelques-uns de ces discours du rire collectif fin de siècle que nous explorons ici, en nous penchant sur les mécanismes rhétoriques qui les fondent et sur les grandes logiques (d’opposition à des figures spécifiques ou à des institutions) qui les motivent, en cherchant à mettre en lumière la façon dont cette omniprésence de la dérision est directement provoquée par l’état du champ littéraire de l’époque.