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Abstract :
[fr] Malgré des histoires et configurations coloniales hautement contrastées, des modèles sociétaux irréductibles, la situation belge s’inscrit à n’en pas douter dans les rails de l’« hiver impérial français » (Mbembe, 2010). La forte racialisation des personnes issues des ex-colonies afro-subsahariennes, le color-blindness étatique ou la marginalisation académique de la critique postcoloniale en sont les indicateurs majeurs. Pour autant, en Belgique, le modèle républicain, et ses prétentions universalistes, ne peut expliquer les dynamiques identitaires ni les imaginaires autochtones dont procède l’impensé de la race. Comme nous le verrons, la logique séparatiste d’une métropole en mal de légitimité impériale - qui dissocia avec force colonie et métropole et refusa de penser non seulement l’installation des Congolais en Belgique mais leur mobilité sociale - offre une lisibilité de la façon dont les frontières raciales informent, à date contemporaine, les anxiétés postcoloniales de l’autochtonie. Nous discuterons alors, à partir de données recueillies depuis une dizaine d’années au sein des milieux congolais, politiques, associatifs, religieux et artistiques, la façon dont la situation belge peut, ou pas, reformuler la particularité française sous l’angle d’une posture impériale francophone.